Après avoir soutenu le plan marocain d'autonomie à Alger, le secrétaire d'Etat adjoint américain, David Schenker, s'est rendu à Dakhla pour visiter les locaux provisoires du Consulat général des Etats Unis, ultime étape pour la concrétisation des dispositions de la proclamation présidentielle de reconnaissance de la marocanité du Sahara. L es Etats-Unis d'Amérique, première puissance mondiale, se préparent à inaugurer leur consulat général à Dakhla. Ce geste diplomatique à forte valeur symbolique et qui ouvre de larges voies économiques, s'inscrit dans le cadre de l'accord tripartite signé le 22 décembre par le Royaume, l'Etat hébreu et le pays de l'Oncle Sam, actant la reprise officielle des relations maroco-israéliennes et la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Cette initiative reflète également, et surtout, la volonté des Américains à consolider leurs relations avec le Royaume, qui se profile aujourd'hui comme un hub économique et une porte d'entrée du continent africain. Une volonté que le secrétaire d'Etat adjoint pour le ProcheOrient et l'Afrique du Nord, David Schenker, n'a pas cherché à cacher durant sa visite des locaux de ce consulat. Ce dernier, qui est le premier diplomate américain à visiter les provinces du Sud, a annoncé sur un ton joyeux et optimiste que «la relation américano-marocaine est plus forte que jamais et que nos meilleures années sont devant nous ». Les développements récents qu'ont connus les relations entre les Etats-Unis et le Royaume « ont été rendus possibles grâce au leadership de SM le Roi Mohammed VI dans la promotion d'un agenda de réforme audacieux et de grande envergure au cours des deux dernières décennies », a-t-il ajouté. Développant les propos de Schenker, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a expliqué que les bonnes relations entre le Maroc et les Etats Unis sont le fruit d'une coordination continue entre le Souverain et l'Administration américaine. Ces bonnes relations s'expliquent également par les objectifs communs des deux pays qui se sont concrétisés lors de l'appel téléphonique entre le SM le Roi Mohammed VI et le président américain sortant Donald Trump le 10 décembre. Par ailleurs, David Schenker n'a pas manqué de souligner que l'année 2021 marque le 200ème anniversaire de l'ouverture de la première mission diplomatique des Etats-Unis au Maroc, rappelant que dans la perle du Détroit se trouve la plus ancienne installation diplomatique US dans le monde. Bon alliés, bon commerce Dans leurs déclarations, les deux diplomates ont mis l'accent sur la nécessité de maintenir de bonnes relations entre Rabat et Washington, soutenant que le consulat à Dakhla servira de relai opérationnel aux opérateurs économiques américains et aux institutions économiques privées ou publiques américaines souhaitant investir dans les Provinces du Sud. Des ambitions qui relèvent de l'évidence du fait que le Royaume est le seul pays d'Afrique avec lequel les Etats-Unis ont signé un accord de libre-échange, comme ça a bien été souligné par Bourita et Schenker. Ce dernier a même confié que les exportations marocaines vers les Etats-Unis ont plus que doublé depuis l'entrée en vigueur de ce pacte en 2006 et que la valeur du commerce bilatéral a quintuplé au cours de cette période. « Aujourd'hui, nous voyons le Maroc comme un carrefour d'idées, d'innovation et d'opportunités», a-t-il insisté. Cela dit, la prospérité économique dépend également de la stabilité de la région. Dans ce sillage, le chef de la diplomatie marocaine a mis en relief la coopération militaire entre les forces armées des deux pays, axée sur la consolidation des objectifs de sécurité communs, notamment l'amélioration du degré de préparation militaire, le renforcement des compétences et le développement de l'interopérabilité des forces, et ce, en vue de continuer à maintenir la stabilité dans la région. Et d'ajouter que le Maroc a toujours été un « pôle de stabilité » dans la région de l'Afrique du Nord et du Sahel. Des propos qui ont été fortement soutenus par le secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, qui a mis en avant les efforts du Maroc pour « promouvoir la tolérance et l'harmonie religieuses » qui sont « un exemple dans la région ». Il a donné comme exemple la tradition historique du Royaume à « protéger sa communauté juive » ainsi que la signature de la Déclaration de Marrakech sur les droits des minorités religieuses dans le monde islamique. L'inauguration du Consulat américain, qui approche à grands pas, grave dans le marbre la marocanité du Sahara, laissant ainsi les détracteurs du Royaume, sans voix. Mais ces derniers doivent en tirer les bonnes conclusions : premièrement, que le Maroc est désormais un partenaire crédible aux yeux de la communauté internationale et que la propagande polisarienne soutenue par son parrain l'Algérie ne sert plus à rien. Deuxièmement, que le Royaume est porteur d'espoir pour l'Afrique, du fait que la diplomatie américaine dans le Sahara profitera non seulement aux Provinces du Sud, mais également à l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, tant sur le plan de l'investissement, des infrastructures, de la connectivité que de la fluidité du commerce. Il est donc temps de changer de paradigme. Saâd JAFRI Repères DFC : 100 millions de dollars pour accompagner les entrepreneurs L'International Development Finance Corporation (DFC), la banque de développement des Etats-Unis, a annoncé dans un communiqué qu'il travaille en collaboration avec le fonds d'aide aux petites entreprises (SEAF), sur la mise en place d'un fonds de 100 millions de dollars qui se concentrera sur les opportunités de marché et s'attaquera aux problèmes endémiques du Maroc qui ont besoin de solutions innovantes portées par des entrepreneurs locaux. DFC pourrait potentiellement apporter jusqu'à 50 millions de dollars pour le démarrage de ce fonds, précise la même source. Lancement de «Dakhla Connect» L'International Development Finance Corporation (DFC), la banque de développement des Etats-Unis, a annoncé dans un communiqué qu'il travaille en collaboration avec le fonds d'aide aux petites entreprises (SEAF), sur la mise en place d'un fonds de 100 millions de dollars qui se concentrera sur les opportunités de marché et s'attaquera aux problèmes endémiques du Maroc qui ont besoin de solutions innovantes portées par des entrepreneurs locaux. DFC pourrait potentiellement apporter jusqu'à 50 millions de dollars pour le démarrage de ce fonds, précise la même source David Schenker, a lancé, dimanche 10 janvier à Dakhla, le projet «Dakhla Connect», visant à promouvoir les investissements dans la région. Financée par le Bureau des Affaires du Proche-Orient (NEA) au département d'Etat des Etats-Unis, en partenariat avec l'Initiative de Partenariat des Etats-Unis au Moyen-Orient (MEPI), cette plateforme a pour objectifs de promouvoir les atouts économiques de Dakhla, dans le but d'explorer les opportunités d'échanges et de collaboration économique à l'échelle nationale et internationale dans plusieurs secteurs clés, tels l'agriculture, les énergies renouvelables, le tourisme, la logistique et la pêche. Conflit autour du Sahara : la diplomatie marocaine en marche