A l'image des petits groupes d'hommes âgés dans nos quartiers populaires, assis à même le sol des heures durant à jouer aux dames pour éviter les dépenses, nos régimes de retraites vivent une précarité inacceptable. Aussi bien pour le public que pour le privé, ces régimes sont loin de représenter l'image idyllique du retraité qui savoure l'aboutissement d'une vie de dur labeur, voyageant, ou simplement profitant d'une existence paisible et méritée. Selon le comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), le régime de retraites des services publics prévoit un déficit technique de 8 milliards de dhs pour l'exercice 2020 et de 9 milliards pour 2021. Pire, l'épuisement des réserves est prévu dans 7 ans ! Côté CNSS ce n'est pas mieux, car le régime se caractérise par une absence de flexibilité quant à l'âge de départ, et d'une assiette de cotisation qui ne prend en charge que partiellement la carrière des assurés. Et de la même manière, les réserves de la CNSS risquent un déficit global d'ici 2024. Ceci alors même que la loi exige un niveau minimum de réserves qu'il ne faut en aucun cas altérer. Dans pareilles conditions, il est vraiment difficile d'envisager un avenir viable pour le «troisième âge» au Maroc. Pourquoi la réforme globale tarde à voir le jour ? N'est-il pas loisible de penser que les régimes de retraite au royaume ne sont pas justes et encore moins efficaces ? Et enfin n'est-il pas temps de concevoir des solutions plus équitables pour nos seniors ? Seulement ces questions essentielles ne semblent pas préoccuper d'avantage le gouvernement actuel qui enferme ce dossier dans un statut de grabataire... faisant la sourde oreille vis-à-vis des revendications de cette classe sociale. L'ingratitude, le manque de vision ou la mauvaise gestion, ou les trois ensemble font que la retraite chez nous n'est plus un rêve mais un véritable cauchemar... Mustapha BOURAKKADI