La réforme des systèmes de retraite au Maroc est un des chantiers les plus prioritaires Dans un contexte démographique où le nombre de retraités augmente plus rapidement que celui des cotisants, la pérennité des régimes de retraite devient un défi majeur. Le vieillissement rapide de la population qui s'explique par la baisse de la fécondité et l'allongement de l'espérance de vie aura de graves répercussions sur les régimes de retraite. La progression du poids relatif des personnes âgées et l'élargissement de la couverture sociale aux salariés non couverts risquent de se traduire par une pression sur les régimes de retraite en place. La situation des caisses de retraite devient chaque année un peu plus préoccupante comme l'a révélé récemment le dernier rapport de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Le rapport démographique des régimes de base va continuer à se dégrader durant les prochaines années. Il s'établirait en 2078 à 2,7 pour la CNSS ; 1,9 pour le CMR-RPC, 1,3 pour le RCAR-RG et 1,5 pour la CIMR. Le déficit technique du CMR-RPC atteindrait 33,9 milliards de dirhams en 2049 avant de se redresser sur le reste de la période pour s'établir à 0,7 milliard en 2078. La CNSS devrait enregistrer son premier déficit global (Branche Long Terme) en 2024 alors que ses réserves s'épuiseraient en 2040. L'ACAPS estime que le solde technique du RCAR-RG, déficitaire depuis plusieurs années, cesserait d'être compensé par les résultats financiers à l'horizon de 2025. A partir de cette date, le déficit global serait financé par les réserves du régime jusqu'en 2045. En revanche, le solde global de la CIMR resterait excédentaire et ses réserves devraient rester positives sur toute la période des projections. En analysant la situation financière des différents régimes et selon les études actuarielles qui ont été menées pour le compte des différents régimes de retraite, la réforme des systèmes de retraite au Maroc est un des chantiers les plus prioritaires. La mise en œuvre de la réforme paramétrique du régime de retraites de la Caisse marocaine des retraites en 2017 avait constitué la 1ère étape de la réforme globale des régimes de retraite initiée au Maroc. La seconde étape prévoit successivement la mise en place d'un système de retraite bipolaire dont un pôle public et un pôle privé, et la convergence à long terme vers un système national unique. Rappelons que le gouvernement avait choisi Finactu, à l'issue d'un appel d'offres international, pour l'accompagner dans cette nouvelle étape du processus de réforme. Le mandat confié par le ministère de l'économie et des finances à Finactu avait consisté à proposer un état cible du système de retraite, autour de deux pôles, l'un dédié au secteur public et l'autre au secteur privé, avec à terme la convergence des deux. Cette bipolarisation était d'ailleurs l'une des conclusions de la Commission nationale de réforme des retraites en 2009. Les résultats de l'étude menée par Finactu qui sont très attendus devraient être livrés d'ici la fin de l'année 2019. «Les résultats de cette étude, lancée en mars dernier, seront examinés selon une approche participative élargie lors de l'élaboration d'une feuille de route pour une réforme globale du système de retraite», avait déclaré le chef de gouvernement en juillet dernier lors de la séance mensuelle relative à la politique générale à la Chambre des conseillers. Autant dire que l'élaboration et l'exécution de la feuille de route de la réforme ne risquent pas de démarrer rapidement.