Du point de vue logistique, le Maroc n'attend que l'arrivée des premières doses du vaccin pour entamer la campagne de vaccination anti-Covid-19 tant attendue. Devant la Commission des secteurs sociaux de la Chambre des Représentants, le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb a fait le point sur la stratégie nationale de vaccination anti-Covid dont la campagne ne cesse de susciter les interrogations des Marocains, tout en annonçant que le Royaume est d'ores et déjà prêt à la campagne tant attendue. Quand va-t-on se faire vacciner ? Faisant l'objet de plusieurs spéculations, la date du coup d'envoi de cette campagne reste inconnue pour le moment, a indiqué M. Aït Taleb, qualifiant toutes les autres dates avancées auparavant de « Fake news ». Cette incertitude est liée à deux raisons : la première est que le Royaume n'a pas encore reçu les doses de vaccin des Laboratoires avec lesquels il a signé des contrats (AstraZeneca et Sinopharm). La deuxième est que les résultats définitifs de la phase III des essais cliniques n'ont pas encore été publiés. Le ministre de la Santé a expliqué que « la phase III n'est pas encore achevée au niveau mondial », ajoutant qu'il faut attendre la publication de l'intégralité des résultats des essais de tous les pays où le vaccin est expérimenté, ceci prendra plus de temps que prévu à cause du nombre très élevé des essais effectués. Par ailleurs, le Maroc se contente pour le moment des vaccins de Sinopharm et d'AstraZeneca, qui, selon le ministre, sont les plus rassurants en termes de procédé de fabrication. Innocuité du vaccin confirmée Alors que le scepticisme domine toujours quelques esprits, surtout après le signalement d'un cas d'effets secondaires au Pérou, Aït Taleb a précisé qu'aucune complication n'a été constatée durant les essais cliniques effectués au Maroc, à l'exception de quelques effets secondaires bénins tels que la fatigue (16%), la céphalée (22%) et l'arthralgie (7,5%). En somme, 845 personnes s'y sont portées volontaires pour les essais, dont 583 qui ont effectivement participé, après le retrait de sept personnes des 600 annoncées préalablement, a rappelé Khalid Aït Taleb. Par ailleurs, quoique l'efficacité du vaccin soit certaine à court terme, la protection immunitaire au-delà de six mois reste à prouver. Organisation : le Maroc est prêt D'un point de vue organisationnel, le Maroc est prêt pour vacciner sa population, a rassuré M. Aït Taleb, rappelant que la campagne se déroulera en douze semaines. 25.631 ressources humaines seront mobilisées, dont 4053 médecins et 10.468 infirmiers aussi bien du public que du privé. Ces derniers vont inoculer de 150 à 200 doses par jour. Ils seront répartis sur 2867 centres de vaccination, dont 838 dans le milieu urbain et 2029 dans le milieu rural, où seront accueillis les citoyens. Les zones enclavées ou lointaines seront servies par des unités mobiles. S'agissant de la logistique, l'arrivée du vaccin est prévue à l'aéroport de Casablanca (ou celui de Marrakech comme plan B). Dès son arrivée, il sera conservé dans un centre frigorifique à Casablanca ayant une capacité de stockage de 25 millions doses. Cette opération ne posera aucune difficulté puisque le vaccin de Sinopharm ne requiert qu'une température entre 2 et 8 degrés à l'opposé des autres vaccins qui en nécessitent du -80°. Ensuite, toutes les régions du Royaume seront approvisionnées à l'aide d'un programme de vols internes dont le suivi se fera par GPS. Khalid Aït Taleb a indiqué que tous les équipements de transport et de conservation, tels que les accumulateurs de froid, réfrigérateurs et caisses isothermes ainsi que d'autres, ont été distribués sur l'ensemble des préfectures et provinces du Maroc. Anass MACHLOUKH Trois questions à Allal Amraoui « Il faut songer à acquérir d'autres vaccins disponibles sur le marché pour garantir une quantité suffisante pour la prochaine campagne » Allal Amraoui, député istialalien et membre de la Commission des secteurs sociaux, a répondu à nos questions sur la prochaine campagne de vaccination à la lumière des récentes précisions du ministre de la Santé. - La campagne de vaccination s'approche, or, les doutes sont toujours là, comment convaincre les citoyens ? - Il s'agit d'une question centrale, vu que nous nous trouvons dans une équation difficile, celle qui consiste à choisir entre l'urgence de protéger la santé publique et le respect du libre-arbitre des individus. Je rappelle que l'état d'urgence sanitaire a donné de vastes compétences au gouvernement pour imposer les mesures sanitaires et faire respecter le confinement. L'adhésion des citoyens est tributaire d'une stratégie de communication efficace et responsable. Au delà de l'immunité collective, la réussite de la vaccination est d'autant plus importante que tous les pays n'accepteront pas que des personnes non vaccinées entrent dans leur sol. - Nous avons remarqué récemment une flambée de Fake news, faut-il s'inquiéter ? - Ce phénomène est d'autant plus inquiétant que ça provient parfois du corps médical, c'est-à-dire quelques médecins qui avancent des informations inexactes sur le vaccin, ce qui trouble l'opinion publique. Ici, j'appelle à la responsabilité du Conseil National de l'Ordre des Médecins qui doit recadrer ce genre de comportements. - Le ministre a déclaré que le Maroc se contente des vaccins de Sinopharm est d'AstraZeneca, pourquoi faut-il continuer les négociations avec les autres laboratoires ? - Il est préférable de s'ouvrir davantage sur d'autres vaccins et surtout le vaccin américain (Pfizer), et ce, pour garantir un stock suffisant, qui serait en mesure de satisfaire les besoins de la Nation, pour éviter tout risque de rareté. Recueillis par A. M.
Repères La vaccination ne sera pas obligatoire Après la vague de scepticisme ayant accompagné l'annonce de la campagne de vaccination, la question de l'obligation du vaccin s'est posée pas mal de fois dans le débat public, surtout après l'exigence du vaccin pour les voyages internationaux. En réponse à la question du député du Parti de l'Istiqlal, Allal Amraoui, membre de la Commission des Secteurs sociaux, sur une potentielle vaccination obligatoire, Khalid Aït Taleb a écarté cette possibilité, affirmant que le ministère compte sur le volontarisme des Marocains. Un système informatique pour gérer la campagne Khalid Aït Taleb a annoncé la mise en place d'un système informatique dédié à la gestion de la campagne de vaccination dans tous ses détails. Ce système permet l'inscription préalable et la prise de rendez-vous pour les bénéficiaires qui seront informés de la date et du lieu de vaccination via SMS. Selon le ministre, le système comprend des données liées à l'identité des personnes à vacciner, le type de vaccin et les dates d'administration des deux doses. Le suivi des personnes vaccinées se fera par l'application « JawazAssiha », tandis que la plateforme « Yakadaliqah » sera employée pour sonder les éventuels effets secondaires, et gérer le stock des vaccins, etc.