Dans le sillage du débat national sur le Projet de Loi des Finances qui continue son périple législatif, après avoir été voté par la Chambre des représentants, Mohammed Benchâboun, ministre de l'Economie et des Finances a été reçu, ce jeudi, par le Patronat pour concertation sur la relance économique. L'argentier du Royaume a appelé le secteur privé à investir tout en rappelant les efforts de l'Etat qui, selon lui, se livre à une politique expansionniste. Le prochain budget du gouvernement de Saad Dine El Othmani se résume en l'exécution des Orientions royales contenues dans les discours du Trône et de l'ouverture de l'année législative, dont les axes principaux sont la relance, la réforme du secteur public vers plus d'exemplarité et la généralisation de la couverture sociale. L'investissement : une priorité de l'Etat à laquelle doit prendre part le secteur privé En dépit des contraintes de la récession, l'Etat compte, par le budget de 2021, préserver l'investissement public à un niveau élevé qui avoisine les 235 milliards de dirhams, dont 185 MMDH seront destinés au budget des entreprises et établissements publics, ainsi que des collectivités locales, 45 milliards seront affectés au Fonds Mohammed VI qui bénéficiera de 15 milliards de fonds publics. Ce fonds voulu par SM le Roi Mohammed VI va contribuer au financement d'investissements dans des entreprises qui veulent renflouer leurs fonds propres. Il sera accompagné d'autres fonds thématiques qui interviendront dans six domaines prioritaires à savoir : la restructuration industrielle, les infrastructures, l'innovation et les nouvelles technologies, l'agriculture, le tourisme et l'accompagnement des PME. Toutefois, le fonds demeure ouvert à l'ensemble des secteurs performants à fort potentiel de croissance, a rappelé le ministre de l'Economie. Secteur privé : fini l'immobilisme Cet effort d'investissement de l'Etat ne peut aboutir sans un engagement dynamique du secteur privé qui doit sortir de sa timidité, c'est en la substance le message de Benchaâboun aux patrons. Lequel a mis le point sur la nécessité de mettre un terme aux pratiques frauduleuses de quelques entreprises, notamment la fraude et l'évasion fiscale qui privent l'Etat d'énormes ressources. « L'ampleur des factures fictives est terrifiante », a-t-il martelé, soulignant la nécessité de revoir le comportement de certaines entreprises, notamment le respect de leurs engagements et des délais de paiement. Au moment où l'exemplarité est de plus en plus exigée de la part de l'Etat, cela ne signifie pas que le secteur privé en est exempté. La réforme du secteur public ne peut aboutir que si le secteur privé revoit son mode de fonctionnement. « On ne peut assurer l'exemplarité de l'Etat sans que le secteur privé fasse de même », a asséné M. Benchaâboun, exhortant ainsi les entreprises à revoir certaines pratiques qui portent atteinte à la confiance. Dans des termes clairs, Mohammed Benchaâboun a précisé que l'Etat est prêt à aller le plus loin possible dans le soutien des entreprises, pourvu qu'elles investissent davantage, y compris dans le domaine de la Recherche et développement où le gouvernement est prédisposé à intervenir par le biais des subventions aux projets de recherche, à l'aide du fonds thématique de l'innovation, a-t-il indiqué. Couverture sociale généralisée : prise en charge des « Ramedistes » par L'Etat Ce chantier indispensable prendra cinq ans pour se concrétiser, a indiqué M. Benchaâboun à l'attention des responsables de la CGEM, et touchera principalement quatre volets à savoir : l'Assurance maladie obligatoire, la retraite, les allocations familiales et l'indemnité de perte d'emploi. Il s'agit en réalité d'en finir avec le système actuel que la prolifération des caisses sociales rend inefficace. En effet, tous les régimes sociaux qui existent actuellement tels que le RAMED, la caisse de cohésion sociale, allocations pour les veuves, etc... doivent être réunis en un seul fonds. La question principale que soulève la généralisation de la couverture sociale étant celle du financement, la rencontre de l'argentier du Royaume avec la CGEM a été l'occasion d'élucider quelques ambiguïtés là-dessus. Ainsi, il sera procédé à la restructuration des caisses sociales actuelles et des dépenses de compensation pour pouvoir financer un régime universel. « Nous n'avons d'autres choix que de réussir le chantier royal qui va changer radicalement la société marocaine », a-t-il déclaré, ajoutant que dans une première étape, la généralisation de l'AMO sera opérée au bout de deux ans pour inclure 22 millions de Marocains, alors qu'actuellement, seuls 14 millions en bénéficient à travers les régimes de la CNSS et de la CNOPS. Le Registre social unifié et le Régime social global incluront ainsi toutes les catégories socio-professionnelles, lesquelles vont participer par la contribution professionnelle unifiée (mesure phare du PLF 2021), qui comprend toutes leurs obligations fiscales et taxes locales, y compris la contribution de l'AMO. Pour les « Ramedistes » et les personnes qui n'ont pas de revenus, c'est l'Etat qui se chargera de payer pour eux en plus de ses propres cotisations, a annoncé le ministre. Ainsi, la généralisation de la couverture sociale aboutira à un régime universel qui comprendra tous les régimes sociaux précédents, et profitera à tous les Marocains. En plus des retraites, l'Indemnisation du Chômage est aussi à l'ordre du jour, a affirmé M. Benchaâboun, qui estime qu'il est nécessaire de revoir les conditions d'octroi de l'indemnité de perte d'emploi.