Fin août, l'ONG internationale OXFAM qui a fait de la lutte contre les inégalités sociales son cheval de bataille, révélait que la crise économique consécutive à la pandémie du Coronavirus n'avait pas généré que de la misère, mais aussi de la richesse. Dans son rapport «Pour une décennie d'espoir et non d'austérité au MoyenOrient et en Afrique du Nord», OXFAM notait, en effet, que les 21 milliardaires les plus riches du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord avaient vu leurs fortunes augmenter de près de 10 milliards de dollars depuis le début de la crise du COVID-19. Et de conclure en appelant à l'institution d'un impôt sur la fortune d'une moyenne de 2% sur le patrimoine net, ce qui aurait pour effet de lever des milliards de dollars. Deux mois après cet appel, on apprend que le gouvernement El Othmani s'apprête à instituer dans le cadre de son projet de loi des finances pour l'année 2021, un impôt de solidarité non pas sur la fortune, mais sur les revenus des entreprises qui déclarent un bénéfice net supérieur à cinq millions de dirhams. Et surtout, sur les salariés du public et du privé dont les revenus égalent ou dépassent les 120.000 dirhams par an, soit 10.000 dirhams par mois. Autrement dit, l'Etat dans son infinie mansuétude, a décidé d'épargner aux grosses fortunes du pays un impôt ciblé, pour les mettre à pied d'égalité avec les entreprises transparentes et structurées qui déclarent leurs revenus, ainsi qu'avec les salariés du public et du privé issus de cette pauvre classe moyenne déjà largement paupérisée et qu'il n'a eu de cesse de traire durant la dernière décennie. Pour ces derniers, on évoque une taxe de 1,5% déductible à la source sur le salaire net. Le montant réel de cet impôt (150 dhs par mois à minima) peut paraître dérisoire. Mais il ne l'est plus lorsqu'on sait qu'il viendra s'ajouter à la batterie de taxes directes et indirectes, ainsi qu'aux charges nondéductibles d'impôts consenties pour la santé et l'enseignement des enfants, sans oublier celles consenties au nom de la sacro-sainte solidarité familiale, auxquelles la classe moyenne marocaine est déjà soumise. Et dire que c'est de cette même classe moyenne assiégée de dîmes et de charges de toutes sortes que l'on attend la dynamisation de la croissance et la relance de l'économie !