Le secteur aérien a été frappé de plein fouet par la crise de la covid-19. Au début de la pandémie, la demande mondiale s'est écrasée de 80%. C'est de loin la pire crise de toute l'histoire de l'aéronautique. Selon plusieurs experts, le marché ne retrouvera pas son niveau normal avant lafin de 2022. Aujourd'hui, le secteur fait face à un risque de reprise de la pandémie. L'impact pour les compagnies aérienne sera fatal. En effet, la majorité des compagnies aériennes ont un problème au niveau de la trésorerie. Au Maroc, la Royal Air Maroc est fortement impactée par la crise. La fermeture des frontières a eu un effet néfaste sur la trésorerie du porte pavillon national marocain. La RAM a connu une baisse d'activité de 100% à compter d'avril soit une perte du chiffre d'affaire de 9 milliards de dirhams par rapport à l'exercice de 2019. Ajoutant à cela une dette fournisseur de 3 milliards de dirham.Pour faire face à cette crise, la compagnie a décidé de maitriser ses coûts à travers l'immobilisation de 30% de sa flotte et la réduction de sa masse salariale. L'état marocain, actionneur principal, a décidé d'allouer un budget de 6 milliards de dirham pour sauver la RAM.60% de cette enveloppe sera sous forme d'injections d'argent public dans le capital, le reste prendra la forme de crédits garantis par l'Etat. Pour l'exercice de 2021, le projet de loi de finance prévoit d'affecter à la compagnie une enveloppe de 1,17 milliard de dirhams. Le cargo,une des rares lueurs d'espoirs : La compagnie nationale devra faire preuve d'une agilité pour faire face à cette pandémie. L'IATA (association internationale du transport aérien) a confirmé la reprise en V du fret aérien. En juillet 2020, le niveau trafic mondial du fret aérien a même dépassé de 3,7% par rapport à juillet 2019. Le Cargo représente ainsi une des rares lueurs d'espoirs pour la RAM. Avec la baisse du prix du kérosène et la croissance de la demande d'acheminement par voie aérienne, la compagnie nationale peut s'appuyer sur ce levier pour assurer un certain niveau de revenu. Création d'une entreprise nationale d'affrétement : En tant qu'actionneur principal, l'état doit développer des outils pour accompagner la Royal Air Maroc et l'aider à sortir des turbulences causées par la covid-19. En effet, l'état peut créer une entreprise nationale d'affrétement des avions. Cette entreprise va louer les avions immobilisés pour effectuer des vols charters. Cet outil permettra à la RAM de partager le risque de la baisse d'activité avec cette nouvelle entité. Cette crise représente une occasion pour diversifier l'offre de la compagnie nationale.Le marché marocain du e-commerce est en plein essor et fait partie des marchés les plus dynamiques d'Afrique. Ce qui représente réelle opportunité pour la compagnie marocaine. La compagnie nationale peut convertir une partie des 20 avions immobilisés pour augmenter son offre cargo. L'avionneur américain Boeing a signé un nouvel accord avec le chinois Guangzhou Aircraft Maintenance Engineering Company Limited (GAMECO) pour ouvrir début 2021 une deuxième ligne de conversion du 737-800 en version BCF (Boeing ConvertedFreighter). Une première ligne de conversion du 737-800 est déjà entrée en service en juin 2020. L'entreprise nationale d'affrétement jouera un rôle important pour à la fois aider la Royal Air Maroc à faire face à la crise mais aussi pour relancer le trafic à destination des villes touristiques. L'entreprise proposera des vols charters à un prix compétitif sur des lignes ciblées. Cette mesure peut être un levier pour sauvegarder des emplois. Le management et l'état doivent construire une stratégie de relance basée sur l'emploi et la performance économique. Le processus de digitalisation de la Royal Air Maroc doit se poursuivre. Il est temps d'intégrer des solutions de gestion de la data pour gagner en efficience et en performance. Comme le phénix qui pour renaitre a besoin de passer par le feu destructeur. La RAM doit passer cette épreuve difficile pour construire une nouvelle image de marque, forte et résiliente.