Les cancers représentent la première cause de mortalité des enfants par maladie. Une situation qui a poussé les membres de l'association "L'Avenir" à agir - Votre association "L'Avenir" est dédiée aux enfants atteints de cancer ainsi qu'à leurs parents. Quel soutien leur était réservé depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence sanitaire (Covid-19) causé par la pandémie ? - Depuis le déclenchement de la pandémie, notre association, qui a une maison d'accueil, n'a pas fermé ses portes. Nous avons juste réduit l'effectif du personnel. Le nombre des parents d'enfants atteints de cancer a diminué chez nous. Pour cause, les interdictions des déplacements entre les villes. Une mesure qui a abouti à l'abandon de traitement de certains malades. Nous avons eu également des familles bloquées à Rabat, suite à cette situation. En revanche, après la levée progressive du confinement, le nombre des familles demandeurs d'hébergement a augmenté. Pandémie oblige, nous ne pouvons malheureusement pas occuper plus de 22 chambres dans la maison, soit 11 familles par étage. - En termes de soutien médical, quel est l'apport de l'association ? - L'association apporte un soutien permanent au Service d'Hématologie et Oncologie Pédiatrique (SHOP) de Rabat, et ce, à travers l'achat des médicaments (chimiothérapie, antibiotiques, antalgiques...), de matériel médical, et le financement des prothèses d'analyses médicales et d'imagerie et des prothèses de membres et oculaires. Nous essayons également de recruter et former du personnel médical et gérer des programmes médicaux de formation. - Ce sont donc des aides qui exigent de grandes dépenses. Quelles sont vos ressources pour assurer leur aboutissement ? - Nous recevons des cotisations des membres de l'association, des dons des particuliers ainsi que les subventions des organismes nationaux et internationaux. Les parents d'enfants hébergés y contribuent symboliquement, avec 10 dirhams par nuit durant leur séjour. Nous arrivons à collecter des dons à travers l'organisation d'événements et de soirées artistiques, suspendues cette année à cause de la pandémie. - Le mois de septembre est considéré le mois international pour la sensibilisation autour du cancer de l'enfant. Qu'en est-il cette année ? - Cette année, il a été procédé à l'illumination de monuments en or autour du monde, le 15 septembre dernier (à Paris, à New York...). Par ailleurs, l'association participe aux congrès médicaux et sociaux à l'échelle nationale et internationale, en l'occurrence : la journée mondiale contre le cancer, célébrée le 4 février de chaque année, la journée internationale du cancer, célébrée tous les 15 février, ainsi que la journée nationale de lutte contre le cancer, qui a lieu tous les 22 novembre. - La maison grandit de plus en plus. Quels sont vos projets en cours et à venir ? - Il convient de noter que le bureau de l'association a réalisé des projets importants dans la maison de L'Avenir. En plus d'une école créée depuis 1995 au SHOP, l'association a construit une autre école, complémentaire, dans la maison de L'Avenir, dans le cadre d'une convention avec le ministère de l'Education Nationale. Le but est de maintenir la scolarité des enfants obligés de suivre leur traitement au SHOP et des enfants qui viennent d'autres villes. Dans ce cadre éducatif, un espace de jeux pour ces enfants a été créé. Pour plus de commodité, nous avons acheté un minibus pour le transport des enfants et leurs familles à l'hôpital quotidiennement. Parmi les actions en cours, un projet d'amélioration de la gestion des tumeurs cérébrales pédiatriques au Maroc a été préparé par le professeur Hssissen et soutenu par la fondation Terry Fox, d'un montant de 320.000 dhs. Pour faire face à la demande croissante des familles en terme d'hébergement et éviter le risque d'abandon du traitement et les conséquences néfastes qui en découlent, le bureau de l'association prévoit un renforcement de la capacité d'hébergement par une extension de la maison.
Recueillis par Safaa KSAANI Portrait De père de cancéreux à père pour tous les enfants cancéreux A l'entrée du bureau du président de l'association de L'Avenir, Abdelfettah Serghini Idrissi, plusieurs photos et dessins porteurs d'espoir, ornent le couloir qui mène à sa porte. Ce professeur de la Faculté des Sciences de Rabat, né en 1951 à Fès, est membre du Bureau de l'Association "L'Avenir" depuis 1990. Il en est devenu président en 2015. " Je suis père de 3 enfants, dont un a été atteint de cancer en 1988, il s'est rétabli après quatre mois d'hospitalisation. C'est l'une des raisons qui m'ont poussé à adhérer à l'association "L'Avenir", nous confiet-il pour nous livrer ses principales motivations. Historique de l'association Vers les années 80, il n'y avait au royaume que deux unités d'oncologie pédiatrique, l'une à Casablanca et l'autre à Rabat. Les médecins de formation d'oncologie pédiatrique n'étaient pas nombreux. Quant aux médicaments, ils étaient très chers. Les conditions de traitement de l'enfant étaient très difficiles. Les soignants et les parents d'enfants malades de cancer ont créé une association en 1986, appelée "Association des parents et amis des enfants atteints de cancer L'Avenir", avec pour objectif le soutien médical, social et moral de ces enfants et leurs parents. L'importance de ses activités lui ont valu la Présidence d'Honneur de SAR la Princesse Lalla Meryem. Cette association a acquis le statut d'utilité publique en 1995, année de son inauguration par SAR. Depuis, c'est devenu un lieu familial, chaleureux et accueillant, où la solidarité et le respect de la dignité de la personne sont des facteurs primordiaux. S. K. Repères 1.200 cas enregistrés chaque année Au Maroc, environ 1.200 nouveaux cas de cancer chez les enfants sont enregistrés chaque année, principalement sous forme de leucémie suivie de lymphomes et de tumeurs du système nerveux central. Selon les données de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le cancer est diagnostiqué chaque année chez environ 300.000 enfants âgés de 0 à 19 ans. Il peut survenir à tout âge de la vie et toucher n'importe quelle partie du corps. À la différence des cancers chez l'adulte, la vaste majorité de ceux survenant chez l'enfant n'a pas de raison connue. Toutefois, comme pour les adultes, lorsque le cancer infantile est détecté tôt, le traitement est plus efficace. L'initiative mondiale de lutte contre le cancer de l'enfant En 2018, l'OMS et plusieurs partenaires ont lancé l'Initiative mondiale de lutte contre le cancer de l'enfant en vue d'atteindre un taux de survie d'au moins 60% pour tous les enfants atteints de cancer dans le monde d'ici à 2030. Cela correspond au double du taux de guérison actuel. «Cette initiative vise à améliorer la capacité des pays à mettre en œuvre les meilleures pratiques de traitement du cancer de l'enfant, à accorder une attention prioritaire au cancer de l'enfant et accroître les financements aux niveaux national et mondial», explique l'OMS. Cette initiative vise également à élaborer des normes et des outils pour orienter la planification et la mise en œuvre d'interventions de diagnostic précoce, de traitement, de soins palliatifs et de soins de survie qui intègrent les besoins des enfants atteints de cancer, à améliorer l'accès à des médicaments et technologies abordables et essentiels et aider les gouvernements à protéger les familles dont l'un des enfants est atteint d'un cancer de la ruine financière et de l'isolement social lié aux traitements.