Alors que sous d'autres cieux, la culture a été érigée au rang de véritable industrie et de précieux levier pour le développement économique et humain, avec un chiffre d'affaires calculé en milliards d'euros (plus de 700 milliards aux USA et 90 milliards en France) et des emplois qui se comptent en millions, ce domaine continue à pâtir chez nous du statut de parent pauvre de la scène économique et politique. Deux indices révélés par l'actualité récente confortent ce constat. Le premier est l'absence flagrante parmi la soixantaine d'Etablissements et d'Entreprises Publiques (EEP) entrant dans le périmètre d'intervention de la future Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l'Etat, de structures opérant dans le secteur de la culture. Ce qui dénote la main levée de l'Etat sur ce secteur, déconsidéré et sous-exploité depuis longtemps, mais désormais officiellement exclu de la stratégie de relance économique du Royaume. L'autre indice, également d'actualité, est l'exclusion des salles de cinéma, des théâtres et des salles de spectacle, ainsi que les studios de tournage et d'enregistrement, de la sphère d'action du Comité de Veille Economie (CVE) et de ses aides à la relance octroyées à l'événementiel, pour les laisser à la discrétion du seul ministère de la Culture et de ses aides financières cosmétiques et foncièrement insuffisantes. En dehors de ces deux instances stratégiques, que reste-t-il à la culture pour exprimer son potentiel de développement au service de la relance économique du pays ? Rien, si ce n'est les querelles de poulaillers autour de subsides distribués ça et là, comme une aumône avilissante et improductive, dans une sorte de gestion de la misère qui provoque des polémiques stériles et une production à la notoriété confidentielle. Ce n'est pas la mission d'un ministère de la Culture. Son rôle devrait être de favoriser l'environnement de production culturelle par la création de « locomotives nationales » à même de tirer le secteur vers le haut. Mais également la création d'un cadre juridique et fiscal attractif pour l'investissement, et des canaux de diffusion suffisants pour pouvoir parler d'un véritable marché culturel. Autrement, cela reste du bricolage et de l'assistanat.