Lors d'une réunion à distance en session ordinaire, le Comité central du Parti de l'Istiqlal n'a pas manqué de souligner les nombreuses lacunes du gouvernement dans la gestion de la pandémie. Dans son allocution inaugurale, M. Nizar Baraka n'y est pas allé par quatre chemins, soulignant les failles de la stratégie gouvernementale dans la deuxième phase de la gestion de la crise pandémique. Le Secrétaire Général du Parti de la Balance n'a pourtant pas manqué de noter le succès de la première étape de la lutte contre l'épidémie, grâce à la sagesse et la perspicacité de SM le Roi, au consensus exceptionnel manifesté par les Marocains et le haut niveau de confiance dans les décisions et les choix que le pays a fait pour faire face à la pandémie, ainsi que la prévalence de l'esprit de mobilisation, d'unité et de solidarité des pouvoirs publics et des différentes composantes de la société. Le Comité s'est ensuite concentré sur les facteurs de l'érosion de la réalité économique, sociale et sanitaire de notre pays, dans la deuxième étape de la gestion de la pandémie. Il a notamment souligné la négligence du gouvernement dans la mise en place des réformes nécessaires pour corriger les lacunes structurelles des secteurs essentiels bien avant la pandémie, et ce, malgré les nombreuses opportunités qui se sont présentées pendant des années. Une situation déplorable La pandémie a révélé l'ampleur et l'accumulation de déséquilibres structurels profonds et de déficiences que notre pays connaît aux niveaux économique et social, à savoir la fragilité du système national de santé et du système de sécurité sociale limité et la gravité des disparités sociales, manifestées dans des secteurs stratégiques et vitaux tels que l'Education et la Santé. En outre, M. Nizar Baraka a relevé l'émergence d'un pourcentage élevé de travailleurs dans le secteur informel, ainsi que la faiblesse des entreprises marocaines, en particulier les petites, moyennes et très petites, ainsi que leur difficulté à résister aux conséquences de la pandémie. Il a également pointé du doigt l'incapacité du tissu productif à répondre à la demande du marché national. Des opportunités gaspillées, une approche gouvernementale tenue à l'échec Le haut niveau de confiance des citoyens, un consensus national sans précédent, en plus de la durée de la période du confinement, qui a atteint 80 jours, et les énormes fonds alloués à la gestion de la pandémie, n'ont pas suffi au gouvernement pour se préparer à la phase pos-tconfinement. Distrait par une réussite temporaire, le gouvernement a gaspillé toutes ces opportunités et a vu ces certitudes brouillées suite à la propagation rapide de la pandémie et au déclin des conditions économiques, sociales et sanitaires, advenues en raison de l'assouplissement du confinement. Un déclin qui reflète l'échec flagrant de la stratégie gouvernementale adoptée pour gérer la crise, traduit dans la recrudescence du nombre de contaminations et de décès, dans la faillite de bon nombre d'entreprises sous l'impact de la pandémie et dans l'énorme expansion des disparités sociales et régionales. La période post-confinement a également été marquée par les difficultés rencontrées par plusieurs secteurs d'activités vitaux tels les secteurs de l'automobile, du tourisme, de l'immobilier, du commerce, de l'artisanat..., par la déchéance de la croissance économique et par la baisse continue de la rentabilité des investissements. Notons que le Royaume a comptabilisé plus d'un million de personnes pauvres supplémentaires au cours des 6 derniers mois. Un gouvernement irresponsable Bon nombre de décisions font remarquer qu'aujourd'hui nous sommes face à un gouvernement qui se soumet aux répercussions de la pandémie et qui renonce à ses responsabilités envers les citoyens, et ce, vu l'absence d'harmonie et de solidarité gouvernementales, en addition au manque de perspective globale, d'anticipation et de planification dans un travail gouvernemental régi par des tendances purement sectorielles. Ainsi, la performance gouvernementale est caractérisée par une gestion aléatoire et hors délai des problèmes qui nécessitent une intervention immédiate. Il sied aussi de rappeler que dans bon nombre de questions importantes, le gouvernement s'est soustrait de ses responsabilités et à l'exercice de ses compétences. A titre d'exemple, la rentrée scolaire, où les parents d'élèves se sont retrouvés contraints d'assumer la responsabilité de choisir entre l'enseignement en présentiel et l'enseignement à distance. Notons également l'absence d'arbitrage gouvernemental dans le différend entre les propriétaires d'écoles privées et les parents d'élèves, ainsi que le retrait de la responsabilité de fournir des sièges pour les étudiants souhaitant rejoindre l'enseignement public. Face à la soumission du gouvernement à la crise, les citoyens sont devenus convaincus que ce dernier est incapable de gérer les difficultés et les défis auxquels le Royaume fera face à la prochaine étape de la pandémie qui a entraîné une peur généralisée parmi toutes les couches de la société. A la veille d'une année électorale marquée par la pandémie Sur ce volet, M. Nizar Baraka a insisté sur l'importance de produire un gouvernement politique avec une légitimité électorale, des composantes limitées et un esprit de réforme national encadré par l'homogénéité, l'harmonie, l'efficacité, une vision futuriste et une forte volonté de changer et de rompre avec les pratiques passées. Rappelons que le Parti de l'Istiqlal, en collaboration avec le PAM et le PPS, a soumis un mémorandum conjoint sur les réformes politiques et électorales. Le PI s'est également engagé dans le processus de mise à jour et de développement du système juridique encadrant, en participant à de nombreuses réunions avec le chef du gouvernement et avec le ministre de l'Intérieur. Ainsi, les suggestions du parti de la Balance, dont 80% ont été acceptées, ont principalement pour but d'encourager la participation politique, tout en garantissant la transparence, l'équité et l'équilibre sur la scène politique. Parmi les propositions recommandées par le parti, figurent le vote avec la CIN avec l'adoption du numéro vert 2727 comme numéro de référence pour s'assurer que l'électeur est inscrit au bureau de vote et l'inscription volontaire des adultes de 18 ans dans les listes électorales lors du retrait de la CIN. En outre, les scrutins des élections locales, régionales et législatives seront désormais menés le même jour, qui est passé du vendredi au mercredi. Nabil LAAROUSSI Encadré Pour faire face à la crise étouffante dont souffre notre pays et atténuer ses répercussions, et afin d'exploiter les opportunités disponibles, il est nécessaire de marquer une rupture avec les politiques stériles appliquées aujourd'hui et de proposer une nouvelle génération de politiques publiques. Des politiques qui auront pour finalités principales de réduire les disparités sociales, d'élargir la classe moyenne, d'assurer la qualité des services publics (santé, éducation, justice ...) et le droit de chacun d'y accéder et d'assurer la protection sociale nécessaire à tous les citoyens. Il est aussi très important de réussir les enjeux des transformations numériques, énergétiques et environnementales, pour assurer un développement durable et une intégration dans l'économie du savoir. Repères Les valeurs du parti pour le développement du pays Au début de la réunion, M. Nizar Baraka a mis en exergue l'importance de s'inspirer des valeurs, des principes et de la référence égalitariste du parti, au sein de ses organes organisationnels, afin de produire un débat interne diversifié et responsable, sur les perspectives d'entrée politique. Ceci dans le but de mobiliser le parti pour contribuer au développement d'un Maroc post-pandémique, de préparer les prochaines élections, et de contribuer à atteindre la maturation des conditions de son succès. La femme et les Marocains du monde dans les élections Pendant la tenue du Comité central, plusieurs intervenants ont pointé du doigt l'importance d'augmenter la représentation des femmes dans les prochaines élections, en raison des compétences et des performances qu'elles présentent. Les Marocains du monde ont également été à l'honneur du débat, estimant que pour leur garantir leur droit, ces derniers doivent avoir une représentation parlementaire, notant l'immensité du capital immatériel et matériel qu'apporte cette catégorie. La médiatisation des travaux de l'Istiqlal est à améliorer Parmi les interventions notables des participants à la réunion figure l'insuffisance de la médiatisation des positions, de l'idéologie, des buts, de la force de suggestion du parti. Ceci en addition à la promotion du travail effectué par ses membres à l'échelle locale, régionale et nationale pour garantir une qualité de vie aux citoyens. Ainsi, le Comité central a insisté sur l'élaboration d'une stratégie médiatique, incluant les nouvelles technologies et l'utilisation des réseaux sociaux et de capsules vidéo promotionnelles.