Il est très inquiétant de constater que le gouvernement ne réagit pas avec la vigueur et le volontarisme nécessaires pour endiguer la grave crise que traverse le Maroc. Crise engendrée d'abord par une sécheresse sévère, puis aggravée par la pandémie Covid-19, et se traduisant par la dégradation de la situation des ménages, l'ascension fulgurante du chômage et la fermeture de milliers d'entreprises. Cette inquiétude vient d'être solennellement exprimée par l'Alliance des Economistes Istiqlaliens, et pour cause. Le projet de loi de finances 2021, qui devrait constituer l'ultime occasion pour programmer des actions ciblées, se contenterait de demi-mesures à en juger par la lettre de cadrage pour la préparation du projet qui prévoit des coupes budgétaires sans précédent. Seuls 20 milliards de dirhams d'engagements budgétaires directs sont en effet annoncés alors que le Souverain avait mis en avant, à l'occasion du dernier discours du Trône, les grands axes d'un plan de relance doté d'une enveloppe de 120 milliards de dirhams pour justement accélérer la reprise et la relance de l'économie. L'essentiel des 120 milliards devrait être directement injecté en appui aux fonds propres des entreprises impactées par la crise et bénéficier aussi aux projets d'investissements stratégiques générateurs d'emplois. Quel est donc le plan du gouvernement ? Précisera-t-il les montants réels directement engagés par l'Etat à cet effet, leur programmation dans le temps et leur répartition territoriale et sectorielle ? C'est ce qu' exige l'Alliance istiqlalienne qui, usant de critique constructive et responsable, recommande par ailleurs des mesures pour la sauvegarde des entreprises et la préservation de l'emploi et du pouvoir d'achat, le lancement des outils de la couverture sociale généralisée et la préparation de l'avenir en entamant la nécessaire transition écologique aux niveaux national, régional et local. L'heure est à l'action planifiée loin des petits raccommodages trompe-l'œil. Jamal HAJJAM