Cette rencontre virtuelle, de plus de deux heures, est une première réelle. Elle a réuni une douzaine de journalistes, universitaires et professionnels de la communication arabes avec de hauts responsables et des journalistes israéliens. Les participants arabes sont du Bahreïn, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite, du Soudan et de l'Algérie. Du côté israélien, il y avait le ministre de la coopération régionale, Ofir Akunis ; le ministre des Communications, Yoaz Hendel ainsi que le porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Ofir Gendelman. Animée par le coordinateur général du Conseil arabe pour l'intégration régionale (ACRI), Joseph Braud, cette rencontre s'est déroulée dans un mélange d'hébreu, d'arabe et d'anglais. «Rencontre historique» De part et d'autre, les intervenants se sont félicités du fait d'avoir pu détruire le mur psychologique d'acier qui empêche des échanges direct de points de vue, qui peuvent être opposés, entre Arabes et Israéliens. Le premier professionnel des médias arabes à s'être exprimé lors de l'événement a été Mohamed Al Hammadi, rédacteur en chef d'Alroeya, un quotidien de langue arabe basé aux Emirats arabes unis, et ancien rédacteur en chef du journal national Al-Ittihad. «Il est difficile d'imaginer une telle réunion il y a à peine quelques années», a-t-il déclaré. Et ce professionnel des médias d'ajouter : «nous, les Arabes, nous ne connaissons pas assez bien les Israéliens – pas aussi bien que nous le devrions; peut-être que les Israéliens ne nous connaissent pas non plus aussi bien qu'ils le devraient», a-t-il lancé. Al Hammadi a souligné également que les rues arabes se soucient profondément du peuple palestinien. Il a rappelé que leur droit à un Etat indépendant ne devrait pas être mis de côté maintenant que le rapprochement d'Israël avec les Etats arabes a commencé. De nombreux orateurs ont demandé instamment que les nouveaux accords de paix se traduisent en projets communs concrets et en partenariats durables effectifs. De son côté, le ministre israélien de la coopération régionale a affirmé que le webinaire donne lieu à une conversation historique, tout comme la signature la semaine dernière de l'accord de paix avec les Emirats arabes unis et Bahreïn est historique. Ofir Akunis a souligné qu'il n'y a pas meilleur moyen d'approfondir la connaissance entre Arabes et Israéliens que de se rencontrer et de se parler.
Message du président Israélien Reuven Rivlin, président israélien depuis 2014, a participé indirectement au webinaire. Dans un message qui a été lu par Ofir Gendelman, porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu auprès des médias arabes, Rivlin s'est félicité de cet échange historique en faveur de la paix. Il a rappelé que son père, le professeur Yosef Yoel Rivlin, était un spécialiste de la langue et de la culture arabes et avait traduit le Saint Coran en hébreu. «Je me souviens de la maison de mon enfance comme d'un lieu de rencontre entre savants juifs, musulmans et chrétiens. Les étagères étaient remplies des textes fondateurs du judaïsme et de l'islam, en hébreu et en arabe», se souvient-il. Et d'ajouter : «mon père croyait de tout cœur en l'avenir prometteur du Moyen-Orient, basé sur le partenariat et le lien profond entre les peuples de la région et leurs cultures». Dans son message, le président israélien a lui aussi appelé à des rencontres directes pour une meilleure compréhension mutuelle. En réponse, Ahdeya Ahmed Al-Sayed, présidente de l'association des journalistes de Bahreïn, s'est déclarée favorable à toute initiative pouvant promouvoir la paix. Elle a poursuivi en déplorant l'incitation continue à la haine entre Arabes et Israéliens, qui est «tout aussi nuisible que la guerre». Mohamed Moubarak du Bahreïn a abondé dans le même sens, estimant qu'il y a tellement de choses qui rapprochent des habitants de la région de leurs voisins israéliens. Dr Najat Al Saied, expert saoudien en sciences de la communication et des médias, a rappelé le rôle crucial des journalistes dans la promotion de la paix et dans la levée des préjugés. Pour elle, le théâtre, le cinéma et les documentaires, peuvent aussi aider au rapprochement. Al-Nur Abdallah Jadein, le seul participant soudanais à la discussion, a lui aussi mis en exergue l'importance du travail médiatique dans la «préparation de la société à la paix». Mostafa El-Desoukki, journaliste d'origine égyptienne au magazine saoudien Majalla, a salué son confrère soudanais, et son autre confrère algérien, Sami Baziz, du courage dont ils font preuve en contestant «les lois de leurs pays où la normalisation avec Israël est considérée comme un crime». Pour sa part, le rédacteur en chef du Times of Israel, David Horovitz, a appelé les journalistes israéliens et arabes à voyager autant que possible les uns vers les autres. «Plus nous comprenons honnêtement le pays de l'autre, ainsi que ses contradictions et ses complexités, plus cette nouvelle ère de coopération et de réconciliation sera stable et durable», a-t-il conclu.