Macabre découverte à Casablanca : Le cadavre d'un énième nourrisson abandonné dans une poubelle. Par Hayat Kamal Idrissi
Un autre bébé fraichement né a été retrouvé mort dans une poubelle au quartier Sidi Moumen à Casablanca. Une macabre découverte qui a provoqué un grand émoi tout en remontant en surface le grand débat sur les libertés individuelles et le droit à l'avortement. Une réclamation qui devrait selon les militants féministes, limiter le nombre des avortements pratiqués clandestinement et réduire le nombre horrifiant de bébés abandonnés aux recoins des rues et dans les poubelles de quartiers. Libertés compromises « A cause des lois incriminant les relations consensuelles entre adultes et l'avortement le Maroc enregistre des chiffres hallucinants en matière d'avortements clandestins, de mortalité maternelle et infantile et d'abandon de bébés», s'insurge auparavant Ibtissam Lachgar, activiste au mouvement MALI. Rappelons qu'aujourd'hui, on compte 800 avortements clandestins par jour, soit près de 300.000 par an. Ce chiffre est revu à la hausse selon un rapport de l'ONU datant de 2017. Ce dernier estime en effet que les avortements clandestins s'élèvent à 1 000 quotidiennement. Des chiffres inquiétants surtout si l'on considère les conséquences médicales, psychiques et sociales de ces interruptions de grossesse sur les femmes concernées ; mais également sur leur entourage. Sans parler des incidents désastreux et parfois fatals survenus lors de nombreux avortements clandestins. Un point crucial pour les défenseurs du droit à l'avortement et qu'ils font valoir dans leur combat pour une légalisation ouverte. Une réclamation qui, selon ces activistes, aura le grand mérite d'éradiquer le phénomène d'abandon, par les mères célibataires, de leurs nourrissons. « La peur des représailles familiales, la crainte de la stigmatisation sociale et l'incapacité socio-économique de prendre en charge leurs enfants nés hors mariage, poussent beaucoup de jeunes femmes à abandonner leurs enfants », nous explique-t-on auprès de l'association tangéroise « 100% maman ». Loi en gestation Même si un projet de loi sur la légalisation de l'avortement est intégré dans la réforme globale du Code pénal, les activistes féministes, eux, restent sur leur faim. La cause ? Selon ce projet, ne seront pris en compte que la santé de la femme et celle de l'enfant pour autoriser un avortement. Une restriction «trop» limitante et limitée pour MALI (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles) et insatisfaisante pour l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin. Cette dernière réclame tout simplement l'alignement sur les critères de l'OMS. Un projet de loi qui malgré ses «imperfections» devrait changer la donne pour beaucoup de femmes victimes de viol, d'inceste, atteintes de troubles mentaux et dans le cas de malformations fœtales. En suspens depuis l'adoption, en juin 2016, par le conseil de gouvernement du projet de loi amendant le code pénal, ce projet de loi est toujours en gestation.