Washington dit envisager de riposter contre la Chine pour avoir expulsé trois journalistes du Wall Street Journal, notamment en ordonnant aux bureaux de presse soutenus par le gouvernement chinois, implantés aux Etats-Unis, de réduire leur personnel. Le Conseil national de sécurité a déclaré lundi que l'Administration Trump était en train d'examiner « une série de ripostes contre cet acte flagrant ». « Les Etats-Unis condamnent l'expulsion de Pékin de trois correspondants à l'étranger du Wall Street Journal », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du NSC, John Ullyot. « Cette expulsion n'est qu'une nouvelle tentative de contrôler la presse et d'empêcher les lecteurs du monde entier ainsi que les investisseurs de lire les histoires importantes sur la Chine ». Alors que M. Ullyot a refusé de donner d'amples détails sur les ripostes à l'étude, un autre responsable de l'Administration a indiqué que des collaborateurs de haut niveau discutaient de la possibilité d'expulser certains journalistes chinois des Etats-Unis. La semaine dernière, le Département d'Etat a indiqué qu'il avait désigné les 5 grands organismes de presse chinois basés aux Etats-Unis comme des missions étrangères. En vertu de la loi sur les missions étrangères, une loi fédérale, les médias chinois opérant aux Etats-Unis dont notamment l'agence de presse Xinhua, China Radio International, China Global Television Network ainsi que les distributeurs du China Daily et du People's Daily sont tenues de faire rapport sur leur personnel et leurs propriétés qu'elles soient possédées ou louées. Le Département d'Etat pourrait alors décider si le nombre des effectifs et la taille des bureaux correspondent aux missions des médias en question et serait donc en mesure d'exiger des modifications. Le lendemain, la Chine a expulsé trois journalistes du Wall Street Journal basés à Pékin. Une décision qui a provoqué des critiques de la part des agences de presse internationales et de l'Administration Trump. Selon le gouvernement chinois, la décision était une riposte à une tribune publiée par le quotidien américain, titrée « La Chine est le véritable malade de l'Asie ». Le WSJ maintient une stricte séparation entre son service opinion qui gère les tribunes et le reste de la rédaction, a rétorqué par un communiqué William Lewis, directeur général du groupe Dow Jones qui publie le Wall Street Journal. Et M. Lewis d'ajouter que l'intention du WSJ n'était pas d'offenser qui que ce soit avec ce titre. Les expulsions ont incité certains membres du personnel du WSJ à signer une lettre interne demandant au journal de présenter des excuses à toute personne que ce titre aurait pu offenser. A ce sujet, le porte-parole de Dow Jones and Co. Inc., s'est abstenu de tout commentaire lundi soir. Le chef adjoint du bureau Josh Chin et la reporter Chao Deng, tous deux ressortissants américains, ainsi que le journaliste Philip Wen, australien, ont reçu l'ordre de quitter le pays dans les cinq jours. M. Chin et M. Wen ont quitté la Chine lundi. Quant à Ms Deng, qui est placée en quarantaine à Wuhan, où elle assurait la couverture de l'épidémie lorsque l'ordre d'expulsion a été émis, elle n'est pas en mesure de partir. Bloomberg a déjà rapporté que l'Administration Trump envisageait de prendre des mesures contre les journalistes chinois aux Etats-Unis. L'expression « homme malade de l'Asie » a été utilisée par des intellectuels chinois et outsiders pour désigner une Chine affaiblie, exploitée par les puissances européennes et le Japon à la fin des années 1800 et au début des années 1900. Cette période est actuellement décrite dans les manuels d'histoire chinois comme le « siècle de l'humiliation ». La reprise par le WSJ de cette expression comme titre d'une tribune publiée le 3 février, rédigée par l'universitaire américain de l'Institut Hudson, Walter Russell Mead, faisant référence à l'épidémie du coronavirus en Chine, a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux en Chine et ailleurs. Les officiels chinois ont qualifié le titre de « raciste ». Les relations américano-chinoises passent par une période très difficile. Après une guerre commerciale prolongée, les deux pays ont signé un premier accord commercial en janvier. Mais la Maison Blanche a déclaré que l'augmentation prévue des exportations américaines vers la Chine pourrait être retardée à cause du virus.