Des températures records en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas, des incendies de forêts au Portugal et des alertes « de vigilance rouge » partout en France : Après les Etats-Unis, une bonne partie de l'Europe occidentale est frappée de plein fouet par une vague de chaleur extrême, après une première quinzaine de juillet marquée par des pics de chaleur modérés. « C'est une autre semaine avec une autre vague de chaleur qui fait son retour en Europe », a mis en garde, Clare Nullis, porte-parole de l'Organisation mondiale de la météorologie lors d'un point de presse à Genève. Selon l'Agence onusienne, de nombreuses régions d'Europe sont déjà confrontées à cette nouvelle vague de chaleur. De nouveaux records de température sont en cours et devraient atteindre 40°C dans certains pays, avec comme pic ce jeudi. Mercredi, les températures ont atteint 38,8 degrés Celsius à Gilze Rijen, dans le sud des Pays-Bas, un pays qui n'avait jamais eu aussi chaud. Le dernier record datait de 1944, avec 38,6°C, selon l'Institut royal météorologique néerlandais (KNMI). Un record historique de chaleur a été également signalé en Belgique, avec un thermomètre qui montait jusqu'à 38,9°C à Kleine-Brogel, dans le nord-est. Il s'agit de « la température la plus élevée depuis le début des observations en 1833 », a fait observer David Dehenauw, chef prévisionniste à l'Institut royal météorologique (IRM), qui vient d'activer pour la première fois le « code rouge » en raison de la vague de chaleur. En France, le niveau d'alerte canicule, jusqu'alors « orange » sur la grande majorité du territoire, a été rehaussé à « rouge » sur la partie nord, incluant la capitale. « C'est la première fois que cela touche des départements du Nord de notre pays avec un habitat, un urbanisme, des populations qui ne sont pas habituées à des chaleurs de ce niveau là », a souligné la ministre de la Santé Agnès Buzyn. « C'est la raison pour laquelle je demande qu'on redouble d'attention », a-t-elle ajouté. Plusieurs villes françaises ont battu leur record absolu de température, notamment dans le sud-ouest, une région que vient de quitter la caravane du Tour de France cycliste, arrivé mercredi dans les Alpes. Cette chaleur risque également d'aggraver l'assèchement des sols superficiels, alors que 77 départements sont désormais concernés par des restrictions d'eau en raison de la sécheresse liée à un « déficit de pluviométrie marqué » depuis un an dans de nombreuses régions en France. En Allemagne, l'ensemble du pays est en alerte canicule. Avec 38,7 degrés, Bonn était la ville la plus chaude du pays. Lacs et rivières étant particulièrement prisés, les noyades seraient à l'origine de la mort de trois personnes depuis mardi soir. Les sols quant à eux sont très secs partout, particulièrement dans le nord du pays, et les agriculteurs, comme l'an passé, s'attendent à des récoltes catastrophiques. Des températures encore plus importantes sont attendues jeudi où le mercure pourrait grimper à 41°C, dépassant ainsi le record de 2015 en Bavière de 40,3°C. Le Royaume-Uni va, lui aussi, « probablement battre le record de chaleur de juillet, qui est de 36,7°C. Il existe même une possibilité de battre le record absolu de 38,5°C », indique la météo britannique (Met Office). En Suisse, la forte chaleur a déformé des rails perturbant le trafic ferroviaire. Le record absolu de température (38 degrés) a été mesuré à Sion mercredi après-midi, a indiqué MétéoSuisse. D'autres absolus ont également été atteints à Neuchâtel 37,9 degrés (précédent record de 37,8 degrés le 7 juillet 2015) et 33,8 degrés à Scuol, en Basse-Engadine (précédent record de 33,3 degrés le 26 juin 2019). Le Luxembourg a annoncé qu'il déclenchait lui aussi l'alerte rouge. Le Sud de l'Europe n'est pas épargné, même si les habitants sont davantage habitués aux fortes chaleurs. Ainsi les autorités italiennes ont élevé l'alerte au niveau 3 («bulletin rouge») dans cinq villes pour mercredi, Bolzano, Brescia, Florence, Pérouse et Turin. Une douzaine de villes, dont Rome, seront concernées par le bulletin rouge jeudi, journée du pic de la canicule. Au Portugal, quelque 850 pompiers étaient toujours à l'oeuvre jeudi pour éteindre les braises d'incendies de grandes dimensions, qui ont ravagé de vastes zones de la région très densément boisée de Castelo Branco, à 200 km au nord-est de Lisbonne, laissant des paysages calcinés sur leur passage. En Espagne, le service météorologique national espagnol (AEMET) prévoit également des températures supérieures à 40°C et met en garde contre le risque extrême d'incendie dans plusieurs régions du pays. Madrid redoute le cocktail de la chaleur, du vent et de la foudre. L'ONG environnementale BUND a tiré la sonnette d'alarme, évoquant la menace pesant sur les grandes forêts de monocultures d'épicéas et de pins, en particulier, qui s'effondreraient littéralement sous l'effet du stress hydrique, selon Hubert Weiger, directeur de BUND. « C'est une course contre la montre », a-t-il averti en appelant à des « décisions courageuses ». Cette forte chaleur observée en juillet en Europe intervient alors que l'Administration américaine pour les océans et l'atmosphère (NOAA) vient de confirmer que le premier semestre de 2019 se classe, ex aequo avec celui de 2017, au deuxième rang des périodes janvier–juin les plus chaudes jamais enregistrées en 140 ans.