L'Afrique demeure le continent le plus vulnérable aux changements climatiques et l'on estime entre 75 millions et 220 millions les personnes qui seraient exposées d'ici 2020 à des problèmes de pénurie d'eau, de famine et autres dus au réchauffement de la planète, estiment les participants au premier Forum des marchés émergents d'Afrique, qui se tient à Rabat du 7 au 9 avril courant sous le haut patronage de SM le Roi. Les différents intervenants lors de la table ronde sur "les changements climatiques: opportunités pour l'Afrique et le secteur privé", animée par le secrétaire d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement, Abdlekbir Zahoud, ont tiré la sonnette d'alarme sur les effets néfastes des changements climatiques sur le continent africain. Ils ont appelé, dans ce cadre, aussi bien le secteur public que privé à intervenir pour mettre en place les mécanismes nécessaires en vue d'atténuer les effets de ces changements. Certains exemples ont d'ailleurs été cités comme celui de la centrale thermosolaire de Ain Beni Mathar, la première centrale électrique au monde qui sera alimentée par des énergies propres, le gaz naturel et le solaire, grâce à un accord conclu il y a deux jours entre la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Maroc. Cette centrale permettra de réduire l'émission de gaz à effet de serre d'environ 33.000 tonnes par an pour une production annuelle de 470 mégawatt, ce qui représente 10 % de la consommation d'électricité au Maroc aujourd'hui. Cette centrale, comme l'a souligné le vice-président de la BAD, Thierry de Longuemar, constitue une des initiatives concrètes prises pour faire face aux changements climatiques en Afrique. Selon les intervenants, bien que l'Afrique est la région du monde qui contribue le moins aux émissions de gaz polluants, elle risque néanmoins d'en souffrir le plus. Le continent est à l'origine de seulement 3,8 % des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Mais, à en croire les experts, leur origine viendrait plus de la déforestation que de la consommation de produits pétroliers. Ce qui risque de coûter au continent africain de 1 à 2 % du PIB lors des prochaines décennies. Les risques sont énormes si rien n'est fait, préviennent-ils ajoutant qu'ils vont des inondations, à la sécheresse en passant par les problèmes de santé et de nutrition, entraînant ainsi des situations de stress extrêmes sur les conditions des plus pauvres. Ajouter à cela, les conséquences dévastatrices sur certaines infrastructures, notamment le transport, l'énergie et systèmes de distributions d'eau. Plusieurs solutions sont d'ores et déjà préconisées, notamment la création d'un fonds Carbone pour le continent africain, ou encore l'établissement d'une stratégie à court terme, proposée par la BAD, qui consiste à intégrer la gestion des risques climatiques dans les projets qu'elle finance.