400 000, c'est le nombre de personnes infectées par le virus de l'Hépatite C au Maroc, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce chiffre représente 1,2 % de la population marocaine qui est donc porteuse de ce virus qui s'attaque aux cellules du foie. Ce sont autant de personnes susceptibles de transmettre le virus à d'autres. Selon un article du quotidien Le Monde datant du 26 juillet 2018, le Maroc est l'un des rares pays à produire ses propres traitements contre l'hépatite C, grâce notamment au sofosbuvir du laboratoire américain Gilead, une molécule miracle qui permettait des guérisons en l'espace de 12 mois sans effets secondaires et ce, quelle que soit la soit la souche du virus. Seul bémol : son prix exorbitant. Consciente de sa trouvaille révolutionnaire, Gilead n'a pas manqué de sceller la sofosbuvir en imposant des brevets dans plusieurs pays, se garantissant un monopole mondial. Cependant, une faille se profilait. Comme l'explique l'auteur de l'article en question, Gilead n'a pas considéré nécessaire d'imposer un brevet au Maroc, ne voyant pas dans le royaume un concurrent potentiel. Et pourtant, le groupe Pharma5, l'un des acteurs africains leader dans le domaine du développement et de la fabrication de médicaments génériques, dirigé par Myriam Lahlou Filali, n'a pas manqué de s'engouffrer dans la brèche. Résultat : un antiviral contre l'hépatite C est commercialisé au Maroc depuis 2015. Le produit est vendu soixante fois moins cher que son homologue américain et trente fois moins cher qu'en France ! Et pourtant au Maroc, 400.000 personnes sont toujours atteintes de ce virus handicapant qui entraine souvent la mort. Comment expliquer ce paradoxe ? Le prix de la cure de 12 semaines au SSB 400 (nom commercial du sofosbuvir), qui s'élève à 9000 DH, est tout bonnement inaccessible pour les 35% des marocains inscrits au Régime d'Assistance Médicale (Ramed), couverture médicale gratuite en faveur des plus démunis. Pourtant, le Plan Santé 2025 prévu par l'ex ministre de la santé El-Houcine Louardi prévoyait la gratuité en faveur des patients affiliés au Ramed. A ce jour, 27 Juillet 2018, ce plan n'est toujours pas lancé.