Il est bien difficile d'avouer qu'une conférence internationale a échoué. En particulier lorsqu'il s'agissait d'y discuter du sort de la planète. Pourtant, la récente conférence sur le changement climatique de Durban, en Afrique du Sud, a bien des allures d'échec collectif. Si les pays présents se sont tous mis d'accord, après deux longues nuits blanches de discussions et la menace de claquer la porte sans entente, sur une future feuille de route, celle-ci ne sera applicable qu'à partir de 2020. D'ici là, la température de la planète aura, prédisent les climatologues, augmenté de plusieurs degrés, causant des catastrophes à répétition. Les climatologues sont-ils trop pessimistes ? Difficile à dire. A Durban, il y avait au moins un participant qui partageait leur point de vue : le représentant de l'archipel polynésien des Tuamotu, au cœur du Pacifique. Il a expliqué comment les 315 habitants de l'atoll de Napuka, une des 76 îles des Tuamotu, sont à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil. Les îles Marquises pourraient les accueillir. Car Napuka va être recouvert par les eaux du Pacifique dont le niveau monte en raison du réchauffement climatique. Des îles de l'archipel des Maldives, dans l'Océan Indien, sont elles aussi menacées de disparition. Ailleurs en Polynésie, ce sont les produits agricoles de certaines terres qui sont déjà impropres à la consommation en raison de la salinité des eaux qui envahissent les terres. Cependant les pays riches, talonnés par la crise économique, les pays pauvres, poussés par la nécessité d'accélérer leur développement, ne mettent guère le climat en tête de leurs préoccupations. Faut-il pour autant dire, comme Céline Charveriat de l'ONG Oxfam-France que «Durban laisse le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4 degrés» ? Reprenons le fil des négociations passées. En 1992, lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro organisé par l'ONU, 190 Etats signent une convention sur le changement climatique. En 1997, elle accouche du protocole de Kyoto qui oblige les pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (CO2) de 20%. Kyoto entre en vigueur en 2005. Il est prévu que le protocole s'appliquera jusqu'à la fin 2012. Puis plus rien. Un des objectifs de Durban a donc été d'obtenir que la quarantaine de pays développés signataires de Kyoto (les Etats-Unis et le Japon avaient refusé de signer) prolongent son application et que les pays émergents y adhèrent à leur tour. Entre temps, la Chine est devenue le premier pollueur de la planète, avant les Etats-Unis. L'Inde suit de peu. A Durban, finalement, tous les grands pays pollueurs ont accepté de réduire leurs émissions de gaz. Ils doivent s'entendre sur un programme avant 2015 mais ne le mettront en œuvre qu'à partir de 2020. C'est un premier pas. Nettement insuffisant au regard de l'enjeu. Si l'UE et les responsables des îles sont en pointe dans cette bataille du climat, ils ont dû restreindre leurs ambitions. Pour obtenir l'accord des Etats-Unis et des pays émergents (Chine et Inde), l'Europe n'a pas réussi à imposer un accord contraignant. Autant dire que certains chefs d'Etat auront mille et une bonnes raisons, par exemple de prochaines élections, pour déroger à l'accord. Mais la planète, elle, risque de ne pas attendre.