Le secteur de la construction, l'un des plus gros consommateurs d'énergie, est responsable d'environ le tiers des émissions à effet de serre. Il y a urgence d'agir ! Le bâtiment représente plus de 44% de la consommation énergétique mondiale et plus de 25% des émissions de gaz à effet de serre. Venu spécialement de Belgique pour présenter les grands enjeux environnementaux du secteur de la construction, lors d'un colloque organisé par la Chambre de Commerce Belgo-Luxembourgeoise au Maroc (CCBLM) lors du SIB, Christian Legrand, Ingénieur civil, vice-président de Tradecowall et président de la commission communale de l'aménagement du territoire (Wezembeek-Oppem) est catégorique : il faut un bâtiment à énergie positive ! Qui dit énergie positive, dit énergies renouvelables : alimentation par un réseau de chaleur renouvelable, panneaux photovoltaïques, chauffe-eau solaires, bois énergie, géothermie... Pour y arriver c'est tout un processus à mettre en œuvre. Legrand décrit les étapes les plus importantes : la préservation du climat intérieur et ses aspects énergétiques et hygrothermiques, la gestion des déchets (retraitement ou réutilisation), celle de l'eau (eau potable, eau de pluie, eaux usées), le problème de l'éclairage, surtout dans les bâtiments tertiaires, les matériaux de construction et l'énergie grise qu'il a fallu utiliser pour les extraire, les fabriquer, les mettre en œuvre, les utiliser, les réutiliser ou les éliminer, la santé des occupants (l'air intérieur étant souvent plus pollué que l'air extérieur), et l'adaptabilité des bâtiments en fonction des moins valides, jeunes ou vieux. « Il y a une urgence de modifier la façon de travailler pour évoluer d'une économie linéaire à une économie circulaire ou les produits peuvent connaître plusieurs vies avant élimination », prévient-il. La signature de l'Alliance du bâtiment pour le climat lors du Salon international du bâtiment à Casablanca qui se tenait dans le prolongement de la COP22 constitue sans contestation un premier pas crucial vers une transition des pratiques de la construction et rénovation de bâtiments, et implique un engagement de toutes les branches du secteur : décideurs, maîtres d'ouvrage (publics et privés), concepteurs, entrepreneurs et installateurs... Se référant à ce qui a été fait en Belgique, Liesbet Temmerman, architecte, chercheur, administratrice déléguée & Coordination Etudes au sein CERAA (Centre d'études, de Recherches et d'Actions en architecture), explique qu'une politique de primes a été déployée dans chacune des trois régions belges, détaille-t-elle. Ainsi, ces primes ont permis de soutenir financièrement des efforts conséquents en matière de performance énergétique. « Pour réussir la transition au Maroc, un véritable soutien de la part des pouvoirs publics est un atout de taille », recommande-t-il. Et d'ajouter : « une transition prend du temps. Une Alliance, c'est un engagement dans la durée, en avançant ensemble. Une transition réussie au Maroc est tributaire, comme cela a été et est encore et toujours le cas en Belgique, de la réunion de toutes les forces vives autour de la table, de réfléchir ensemble, de garder un œil critique, de questionner, d'inventer, d'initier... en somme : de faire bouger le curseur en mettant chacun et chacune la main à la pâte »