Le tourisme en Algérie est devenu une priorité nationale, avec la consolidation d'un « schéma directeur d'aménagement touristique » (SDAT) qui met l'accent sur la mise en place de pôles d'excellences touristiques. C'est dans le cadre des Assises Nationales et Internationales du Tourisme de février 2008 que les autorités publiques ont lancé à Alger un plan international visant à faire de l'Algérie une destination reconnue mondialement à l'horizon 2025. « Le tourisme doit être une priorité nationale pour l'Algérie et il y a de nombreuses attentes de la part des algériens dans ce domaine. Il est devenu impératif de pousser le développement du secteur touristique, sachant que l'Algérie exporte actuellement plus de touristes qu'elle n'en reçoit » a déclaré le Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, aux participants des Assises. Forts de la volonté politique affichée par le SDAT, et conformément aux orientations du Président de faire du tourisme un levier de croissance, les responsables algériens souhaitent que le tourisme puisse faire contrepoids aux hydrocarbures, source quasi-unique des revenus en devises à l'heure actuelle. En effet, les hydrocarbures représentent environ 38% du produit intérieur brut, 98% des exportations et 77,3% du revenu budgétaire. Par ailleurs, l'Algérie mise sur le tourisme vert pour préparer l'après-pétrole. Plusieurs projets touristiques de dimension internationale sont actuellement en cours d'étude par les autorités en charge du secteur. Les montants déclarés à l'Agence nationale de développement et de l'investissement s'élèvent à $13.6bn. La politique nationale du développement du tourisme est définie par cinq dynamiques qui visent le renouveau du tourisme national selon une démarche progressive. Il s'agit d'abord de valoriser la destination Algérie à l'international en la « labélisant » et en la rendant plus compétitive. Le plan prévoit de lancer sept pôles touristiques. Enfin, il s'agit de mobiliser l'ensemble des partenaires publics et privés et de développer une stratégie de financement opérationnelle visant à accompagner les investisseurs et les tours opérateurs tout au long du processus. L'objectif national est d'attirer 20 millions de touristes d'ici 2025. Les capacités d'accueil prévues dans ce programme sont de l'ordre de 53 000 lits auxquels s'ajouteront également des infrastructures commerciales et de loisirs. Parmi les 172 zones d'extension touristiques (ZET) existantes à travers le pays, 22 ZET seront portées prioritaires. Les études d'aménagement pour ces zones sont terminées, alors que 20 autres seront prochainement réalisées. Le Programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC) 2005/2009 consacre une enveloppe de $540m au secteur du tourisme, afin d'appuyer financièrement l'aménagement de ces 42 ZET. Toutefois, sachant que le PCSC dispose d'un budget de $55bn et qu'il place les infrastructures de base, les chantiers publics ainsi que l'habitat et l'urbanisme en priorité, avec des investissements respectifs à hauteur de $29bn, de $10bn et de $9bn, les investissements effectués dans le tourisme demeurent inférieurs à ceux qui sont réalisés dans les autres secteurs. Au chapitre des parents pauvres du PCSC figurent les secteurs du tourisme, des petites et moyennes entreprises (PME) et de l'artisanat, qui récoltent à peine $681m, et le commerce, qui n'a bénéficié que de $340m. La question qui se pose actuellement est de savoir si les investissements touristiques seront suffisants pour faire de l'Algérie une destination touristique par excellence à l'horizon 2025. La normalisation et la régulation des activités et des professions du tourisme et de l'hôtellerie actuellement en cours doivent être renforcées pour s'adapter aux normes internationales. Par exemple, des filières du tourisme et de l'hôtellerie devraient êtres créés pour répondre aux besoins induits par les nouveaux métiers qui émaneront de ce plan. En outre, le secteur des transports doit aussi s'adapter aux nouveaux besoins en tourisme. La desserte de nouvelles lignes aériennes directes en vols « non régulier » et par vols « charters » entre certaines destinations du sud algérien et villes côtières vers les principaux pays émetteurs de flux touristique est d'autant plus souhaité. « Par ailleurs, l'aéroport d'Alger, dans le cadre de son plan stratégique 2007-2010, développera une stratégie de développement incitant les compagnies aériennes à établir de nouvelles fréquences, desservant par exemple la Chine, la Russie, New York, Dubai et Amsterdam à Alger sur une base régulière » a dit à OBG, Tahar Allach, PDG de l'Aéroport d'Alger. Il ne faut pas oublier d'anticiper d'autres préoccupations, à savoir les pandémies, les changements climatiques et la menace terroriste, qui influent directement sur le tourisme. « Il est important d'affirmer que le risque est partout mais surtout qu'il doit être identifié et surmonté. Plusieurs chocs ont été absorbés dans les plus grandes destinations mondiales, comme Charm El-Cheikh en Egypte et Djerba en Tunisie, qui continuent malgré les attentats à recevoir des touristes. Personne n'est à l'abri et le consommateur aujourd'hui sait pertinemment que même chez lui, il n'est pas à l'abri des risques » confiait à OBG Francesco Frangialli, Secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme, lors de son passage aux Assises en février dernier. Selon M. Frangialli, si l'Algérie est en retard en matière de tourisme par rapport à la Tunisie, au Maroc et à l'Egypte, le pays possède d'énormes potentialités. Doté d'un magnifique littoral, de montagnes et d'un désert, le plan national lui parait réalisable. Il a tenu à rappeler l'engagement et le soutien qu'offrira l'OMT pour le développement du tourisme en Algérie, notamment sur le plan de la formation et du développement de la qualité des services.