A l'occasion de la célébration du 41e anniversaire de la Marche verte, le Roi Mohammed VI a prononcé un discours, historique, depuis Dakar où il est arrivé ce dimanche 6 novembre 2016 pour une nouvelle visite officielle. Ce geste inédit et hautement symbolique confirme l'attention, toute particulière, qu'accorde le Souverain aux relations maroco-sénégalaises et avec toute l'Afrique. « Si Je me suis adressé à toi, ce même jour de l'année dernière, à partir de Laâyoune, au Sahara marocain, au sujet de l'Afrique, je m'adresse à toi maintenant depuis le cœur de l'Afrique au sujet du Sahara marocain », a souligné le Roi Mohammed VI. Et d'ajouter : « Ce discours, prononcé à partir de cette terre accueillante, traduit tout l'intérêt que nous portons à notre continent. » Le Souverain a expliqué que la politique africaine du Maroc ne se limitera pas à l'Afrique occidentale et centrale, mais englobera toutes les régions de l'Afrique. D'où les récentes visites royales au Rwanda et en Tanzanie, marquant l'ouverture du Maroc sur l'Afrique de l'est. « Animé d'une volonté partagée avec les directions fortes de ces Etats, nous avons décidé d'imprimer une nouvelle dynamique aux relations économiques et politiques entre nos pays, compte tenu du poids politique que représente cette région et des potentialités économiques et des atouts stratégiques dont elle dispose. » Le Roi Mohammed VI a déclaré avoir engagé des contacts avec les autorités de l'Ethiopie pour ouvrir une étape nouvelle dans les relations avec ce pays. « Ce sera, donc, la première étape de la deuxième partie de notre tournée dans un certain nombre de pays africains sub-sahariens, toujours dans le cadre du retour du Maroc à cette institution continentale », a annoncé le Souverain. Ce retour, poursuit le Roi Mohammed VI, n'est pas une décision tactique, pas plus qu'il n'a obéi à des calculs conjoncturels. Il est plutôt l'aboutissement logique d'une réflexion approfondie. « Et lorsque nous annonçons notre retour, nous ne demandons la permission de personne pour obtenir notre droit légitime », insiste le Souverain, soulignant que le Royaume est de retour au sein de l'UA pour retrouver sa place naturelle. « Le Maroc, qui ne s'immisce pas dans la politique intérieure des pays, pas plus qu'il ne suit une politique de division, a bon espoir que toutes les parties réagiront avec toute la sagesse requise et en toute responsabilité à cette décision, de manière à faire prévaloir l'unité de l'Afrique et l'intérêt de ses peuples », a affirmé le Roi Mohammed VI. Le Maroc, porte-voix de l'Afrique dans le monde Le Souverain a réaffirmé la disposition du Royaume de faire entendre la voix du continent dans les forums internationaux et son engagement pour trouver des solutions objectives aux problématiques posées, en respectant les intérêts et les spécificités des peuples africains. Le retour du Royaume au sein de sa famille africaine sera, également, précise le Souverain « l'occasion pour le Maroc de renforcer son implication dans les efforts continentaux de lutte contre l'extrémisme et le terrorisme, qui hypothèquent l'avenir de l'Afrique. » A ce propos, le Roi Mohammed VI a déclaré qu'il a à cœur de continuer à contribuer à la consolidation de la sécurité et de la stabilité dans les différentes régions qui vivent des situations de tension et de guerre, et d'œuvrer au règlement des différends par les moyens pacifiques. Le Maroc se dit aussi, par la voix de son Souverain, prêt à poursuivre ses efforts pour remédier aux causes réelles du phénomène migratoire, en le reliant au développement et en adoptant une approche humanitaire et solidaire, protégeant les droits des immigrés et préservant leur dignité. La COP de l'Afrique « Ayant conscience que l'Afrique compte parmi les régions les plus affectées par les changements climatiques, nous avons tenu à ce que la Conférence sur le climat, dont les travaux démarreront cette semaine à Marrakech, soit une conférence pour l'Afrique », a déclaré le Roi Mohammed VI. D'où son appel à la tenue d'un sommet africain, en marge de cette conférence, « en vue de mettre au point une vision commune pour défendre les revendications de notre continent, notamment en ce qui concerne le financement et le transfert de technologie. » Des messages pour le gouvernement en formation Le Roi Mohammed VI a clairement expliqué que la future politique du gouvernement doit être globale et intégrée vis-à-vis de l'Afrique. « Nous attendons également des ministres qu'ils attachent à l'Afrique le même intérêt qu'ils accordent à leurs missions et à leurs déplacements dans les pays occidentaux », a-t-il insisté. Au vu des dérives que connaissent les tractations pour la formation d'un nouveau gouvernement, les messages du Souverain ont été clairs : « Le Maroc a besoin d'un gouvernement sérieux et responsable. Toutefois, la formation du prochain gouvernement ne doit pas être une affaire d'arithmétique, où il s'agit de satisfaire les desideratas de partis politiques et de constituer une majorité numérique, comme s'il était question de partager un butin électoral ». Et d'ajouter : « Le gouvernement, c'est plutôt un programme clair et des priorités définies concernant les questions internes et externes, avec l'Afrique au premier chef. Un gouvernement apte à aplanir les difficultés héritées des années passées, concernant le respect des engagements du Maroc vis-à-vis de ses partenaires ». Dans le même sens, le Souverain a également rappelé que le gouvernement est une structuration efficace et harmonieuse qui s'adapte au Programme et aux priorités et que c'est un ensemble de compétences qualifiées, avec des attributions départementales bien définies. « Je veillerai, donc, à ce que la formation du prochain gouvernement se fasse conformément à ces critères et suivant une méthodologie rigoureuse. Et je ne tolérerai aucune tentative de s'en écarter. De fait, les Marocains attendent du prochain gouvernement qu'il soit à la hauteur de cette étape décisive », a conclu le Roi Mohammed VI. Les provinces du sud, nouvel axe de développement intercontinental « Les provinces du sud sont fortes par l'attachement de leurs enfants à leur marocanité et au système politique de leur pays », a déclaré le Souverain, ajoutant que ceci se reflète dans leur participation massive aux différentes échéances électorales et leur implication en toute liberté et en toute responsabilité dans la gestion de leurs affaires locales. « Ces provinces possèdent aussi toutes les potentialités en termes de sécurité, de stabilité et d'infrastructures, qui les habilitent à devenir un pôle de développement intégré et agissant dans son environnement régional et continental, et un axe pour la coopération économique entre le Maroc et sa profondeur africaine », a poursuivi le Roi Mohammed VI. Et de conclure : « Le développement et la stabilité de nos provinces du Sud sont une charge historique et une responsabilité nationale que tout le monde se doit d'assumer avec dévouement et dans un esprit de collaboration et de solidarité. »