L'es produits halieutiques participent à l'alimentation de 3 milliards de personnes dans le monde. Ils figurent parmi les aliments les plus échangés dans le cadre du commerce international. Plus de 37% de la production mondiale fait l'objet d'échanges internationaux. Le Maroc, avec ses deux façades maritimes s'étendant sur plus de 3500km constitue un acteur majeur dans ces échanges, d'où l'intérêt de faire de la pêche maritime un des piliers de l'économie nationale. C'est d'ailleurs l'ambition d'Aziz Akhennouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime. L'organisation d'Halieutis, un salon d'envergure dédié exclusivement aux métiers de la pêche, de l'aquaculture et de la valorisation des produits de la mer en est la preuve. «Ce rendez-vous désormais annuel, permettra de faire un bilan d'étape pour la stratégie nationale Halieutis mise en place en 2009, il nous permettra d'avoir un suivi et une évaluation annuelle de l'application de cette stratégie», affirme Abdelfettah Zine, secrétaire général du Salon. Pour cette première édition, les organisateurs ont de quoi être fiers, et A. Zine «estime que c'est un coup réussi, le taux de participation a dépassé nos attentes. On s'attendait à une quinzaine de pays participants alors qu'on en a reçu 33! Ceci va certainement faire du salon une véritable plateforme régionale ouverte à l'international». En effet, la manifestation a connu la participation de plus de 200 exposants et de 300 enseignes représentant les différents pôles du secteur. Le nombre de visiteurs a dépassé les 120.000. Cet engouement peut s'expliquer par la place centrale qu'occupe le Maroc dans la production et le commerce des produits halieutiques au niveau régional et mondial. «Le royaume est un acteur majeur, il est le premier producteur africain et le 25e mondial, mais on peut faire mieux et c'est d'ailleurs le but de la stratégie nationale», fait savoir Zine. En effet, le plan Halieutis prévoit la production d'un million de tonnes annuelles supplémentaires de produits maritimes, soit deux fois le chiffre actuel. Le secteur peut aussi constituer un levier pour les exportations nationales, basées jusque là principalement sur les produits phosphatiques. «Nous misons sur des exportations 3 fois supérieures au volume actuel», avait lancé A. Zine. Plus ambitieuse encore, la stratégie nationale compte faire du secteur halieutique un véritable moteur de croissance durable pour l'économie nationale. Elle a pour objectif de porter à 21,9 milliards de DH le PIB du secteur à l'horizon 2020, de générer quelque 115.000 emplois directs, de participer à l'augmentation de l'exportation des produits de la mer de 3,1%. Des défis à relever «Partout dans le monde, le secteur est confronté à de nouveaux défis. Pour le Maroc, il s'agit essentiellement de la bonne gestion des ressources», souligne A. Zine. L'impact des changements globaux sur les écosystèmes marins est un sujet qui interpelle non seulement les acteurs marocains mais toute la communauté internationale. Il s'agit d' «un enjeu majeur avec à terme de fortes implications environnementales. Il faut donc impérativement mettre en œuvre des stratégies d'atténuation et d'adaptation pour anticiper ces effets sur l'environnement, la ressource et l'homme», relève le Directeur général de l'Institut national de recherche halieutique (INRH), Mustapha Faik. Les changements climatiques sont certes une grande problématique mais également une opportunité pour repenser la gestion des ressources halieutiques et le développement durable dans son ensemble. L'adaptation à ces nouveaux changements était d'ailleurs au centre de tous les débats et tables rondes du Salon. «Outre l'impact environnemental, il y a un aspect économique gravement affecté par ces changements», affirme un expert. Il faut dire que l'impact de l'économie globalisée sur les ressources marines est d'une extrême importance : les produits halieutiques participent à l'alimentation de trois milliards de personnes dans le monde. Les menaces de la surexploitation Au cours des 50 dernières années, les besoins économiques et avancées technologiques ont engendré une surexploitation des ressources dont les conséquences commencent déjà à se faire sentir. “Ces facteurs ont contribué à une intensification et une internationalisation à la fois des flux commerciaux des produits de la pêche et de l'exploitation halieutique, ce qui a entraîné une accumulation des capacités de pêche au niveau mondial, concentrées notamment dans les régions les plus productives de la planète», explique l'expert Philipe Cury de l'Euro-Océans Consortium. Ainsi, les débarquements des pêches de captures marines sont ainsi passés à l'échelle mondiale de 20 millions à 70 millions de tonnes en un demi-siècle. Ceci n'a pas été sans conséquence sur la productivité des ressources. Selon la FAO, plus de 80% des stocks de poissons pour lesquels des résultats d'évaluation sont disponibles sont actuellement déclarés pleinement exploités ou surexploités. Ainsi, "le potentiel maximal de prélèvement sur les stocks naturels des océans de la planète aurait probablement été atteint". Ce n'est pas tout, puisque selon les scientifiques, une perte de 20 à 25% d'espèces pourrait en effet engendrer une perte de 50 à 80% de fonctions des écosystèmes, ce qui n'est pas rien ! «Sur un plan purement économique, la surpêche (pêche excessive) n'est pas une bonne décision, les pertes et dégâts engendrés par la suite dépassent largement les bénéfices accumulés», souligne un expert. En effet, les dégâts engendrés par l'intensification des activités anthropiques dépasseraient, selon les estimations, 50 milliards de dollars par an au niveau international. «J'appelle tous les acteurs de la pêche et de l'industrie halieutique au Maroc à être responsables envers cette grande richesse. La réussite de la stratégie Halieutis, qui insiste sur la durabilité et la pérennité des ressources, ne peut être atteinte qu'avec l'engagement de tous les acteurs», conclut le secrétaire général du Salon.