Le 7 juillet, Benyamin Netanyahou s'exprimait devant le Comité des Affaires étrangères aux Etats-Unis : «si les Palestiniens veulent discuter avec moi, je pourrai signer un accord d'ici un an», affirmait-il. Surprenant ? Pas totalement. Un journaliste israélien du quotidien Haarezt, Akiva Eldar, eut, la semaine passée, l'idée de comparer cette déclaration aux propos tenus par le même Netanyahou le 7 juillet 1996, lors de son premier mandat de chef du gouvernement. Ils étaient identiques. Dans une interview donnée à la chaîne CNN, Netanyahou affirmait qu'il allait surprendre le monde comme Menahem Begin l'avait fait avant lui. Depuis lors, le monde n'a rien vu. Certes, sous la pression de Bill Clinton, il a signé, en octobre 1998, l'accord de Wye Plantation. Celui-ci prévoyait le transfert de 13% de la Cisjordanie comprise en zone C (le militaire et le civil sont contrôlés par les Israéliens) aux Palestiniens (seules les questions de sécurité resteraient sous la coupe israélienne). L'accord n'a jamais été mis totalement en oeuvre. Fils du secrétaire particulier de Zeev Jabotinsky, idéologue d'un mouvement extrémiste sioniste qui réclamait la création d'un Etat juif sur les deux rives du Jourdain (incluant l'actuelle Jordanie), Netanyahou a été élevé dans l'atmosphère de la droite activiste. Certes Benyamin ne partage plus les idées de Zeev, mais c'est un politicien convaincu que la terre d'Israël doit revenir aux Juifs de la Méditerranée au Jourdain. Il a une seule préoccupation : gagner du temps. Et ne pas se brouiller définitivement avec les Etats-Unis. Lors de son dernier séjour à Washington, il s'est donc retrouvé sur la même ligne que Barack Obama pour ne rien faire. Le président américain a, lui, un souci : ne pas heurter son électorat juif mais plus encore les évangélistes, de plus en plus puissants et pro-israéliens, avant les élections du mid-term au Congrès en novembre prochain. Seconde tactique de Netanyahou : convaincre les Israéliens qu'ils n'ont pas d'interlocuteur palestinien. La tactique avait déjà été employée avec succès pour déconsidérer Yasser Arafat. Netanyahou se garde donc bien de répondre aux propositions palestiniennes qui pourraient mener à des pourparlers directs. Recevant des journalistes israéliens à Ramallah, début juillet, Mahmoud Abbas leur dévoilait le document très détaillé qu'il avait remis à Netanyahou concernant les futures frontières de l'Etat palestinien. Pour rassurer Israël, il propose de faire stationner des troupes de l'ONU ou de l'OTAN dans les zones que l'Etat hébreu évacuera. Il souhaite aussi faire renaitre le comité mixte de sécurité israélo-palestinien qui fonctionnait après les Accords d'Oslo. Israël s'est contenté de répondre en envoyant une liste de questions générales aux Palestiniens. Les colons ont donc raison d'être convaincus qu'après le 15 septembre, le gel des colonies sera levé. Quant à Jérusalem-Est, en ce début de semaine, trois nouvelles maisons étaient détruites. L'une d'elles était habitée. On a simplement demandé à ses habitants de sortir avant que le bulldozer n'en pulvérise les murs. Si la droite israélienne souhaitait le déclenchement d'une troisième Intifada, elle n'agirait pas autrement. La violence serait pain béni pour repousser les demandes de négociations. Et si la courageuse population palestinienne ne répond pas aux provocations, les destructions de Jérusalem-Est seront autant de faits accomplis pour changer la donne sur le terrain. Une honte.