liquidité La "solidité" du système bancaire et financier marocain a contribué à la résilience de l'économie. Cependant, l'épargne longue fait défaut et les investissements s'asphyxient. Larler d'un tel ratio n'est pas un simple hasard. Il est, faut-il le rappeler, un bon indicateur de la santé d'une économie déterminé, comme il est très utilisé pour mesurer les richesses créées dans un pays. Pour confirmer encore une fois qu'il ne s'agit pas d'un simple hasard, on ajoute que les responsables marocains tirent, aujourd'hui, la sonnette d'alarme. Eh oui ! Ils tirent la sonnette d'alarme parce que, et depuis les trois dernières années, les ressources collectées par les banques restent largement en deçà des besoins de financement de notre économie. Ce même constat est corroboré par les organismes internationaux, notamment la Banque européenne d'investissement. On rappelle que pour cette banque, ce système n'a pas encore permis de capter suffisamment d'épargne, surtout de maturité longue, à même de favoriser le financement de l'économie nationale. Plusieurs raisons sont énumérées, notamment et surtout la faiblesse du niveau de bancarisation. Cependant, et lors de la réunion du Conseil national du crédit et de l'épargne, Othman Benjelloun, président du Groupement professionnel des banques du Maroc, a rappelé que le système bancaire marocain est considéré aujourd'hui comme un «pilier solide de l'économie nationale, un secteur résilient dans le contexte international de turbulences économiques et sociales. Il a relevé, à cet égard, le développement du réseau bancaire à travers l'ensemble des régions du Royaume grâce aux investissements humains, logistiques et technologiques que les banques ont consentis chaque année. Le taux de bancarisation s'élève à 47%, a-t-il précisé, notant que depuis l'année 1995, le taux d'épargne, en pourcentage du PIB, fut multiplié par 2 et le taux d'investissement, exprimé en pourcentage de ce PIB, a crû de 10 points pour atteindre le niveau de 40%. Malgré ces signes d'optimisme, le ratio crédit-épargne pose problème aujourd'hui. Mohamed Benchaaboun, Président du groupe Banques Populaires, souligne que l'épargne au Maroc augmente d'une année à l'autre. Sauf que - et c'est là que réside le problème - cette épargne financière est «essentiellement liquide». Elle est essentiellement liquide puisque plus de 70% de cette épargne financière sont constitués d'avoirs liquides et de placements à court terme. Et ce n'est pas Anas Alami, directeur général de la CDG, qui dira le contraire. Pour lui, si le Maroc veut augmenter le niveau de ses investissements afin d'accélérer son rythme de croissance, il a intérêt à développer l'épargne longue, à défaut de quoi il sera contraint de recourir au financement extérieur. Il y a donc urgence pour promouvoir l'épargne longue. De ce fait, le gouverneur de la banque des banques a souligné que dans le cadre de la stratégie d'inclusion financière, le processus de bancarisation s'est renforcé et l'objectif d'atteindre, un taux de 50%, y compris Barid Al-Maghrib, paraît réalisable à fin 2010, ajoutant que les efforts pour améliorer les relations des banques avec leur clientèle vont se poursuivre avec la définition réglementaire en 2010 des services bancaires gratuits de base, la mise en place d'un indice de prix des services bancaires et l'envoi annuellement à la clientèle d'un relevé de l'ensemble des commissions prélevées. Il précise que Bank Al Maghrib accompagnera également les banques dans leurs efforts en faveur de la mobilisation de l'épargne à long terme pour relever le défi du financement des feuilles de route sectorielles qui devront toutefois passer par le triple filtre "sélection-suivi-évaluation" pour établir des priorités dans un contexte de contraintes de financement. Quant à Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des finances, il a annoncé la création d'une Commission technique dédiée à la problématique de l'épargne et la poursuite des efforts pour améliorer l'accès au financement des agents économiques. La tenue du CNCE a été aussi une occasion pour aborder les chantiers appuyés par les autorités publiques, citant l'étude sur la transformation institutionnelle des associations de microcrédit, le projet de mise en réseau des associations de microcrédit de petite taille, à travers la mutualisation de certaines fonctions et l'amélioration des systèmes de gouvernance, et la poursuite de la mise en place du programme Millenium Challenge Corporation concernant le volet appui aux services financiers du secteur microcrédit en collaboration avec l'Agence du partenariat pour le progrès. Quant à O. Benjelloun, il a rappelé les engagements pour la décennie à venir, pris aux Assises nationales de l'Industrie tenues en avril dernier, citant notamment l'élargissement de la bancarisation, le pari de l'intelligence collective et l'engagement de faire du Maroc une plate-forme régionale de production vers l'Europe, l'Asie et l'Afrique subsaharienne.