Manifestement, Barack Obama a dû avaler son chapeau en recevant le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Washington. Si le dégel était de mise entre les deux hommes, le président américain paraissait tendu et ne souriait guère. «La faille tectonique» qui éloigne peu à peu Israël des Etats-Unis, selon le mot de Michael Oren, l'ambassadeur israélien à Washington, n'est que trop évidente.» A mi-mandat, Obama n'est pas parvenu à changer le cours des choses au Proche-Orient comme il a promis de le faire, et les élections de novembre lui interdisent de lui tordre le bras. Tout au plus peut-il espérer que la fausse entente israélo américaine pourra donner une certaine marge de manœuvre politique à Benyamin Netanyahou et l'incitera à poursuivre le gel – au moins officiel - de la construction des colonies en Cisjordanie. Il se termine le 26 septembre et des ministres israéliens ont déjà annoncé que les constructions reprendraient dès le lendemain. En tendant le calumet de la paix à Netanyahou, les Américains font aussi le pari qu'en sortant Israël de son isolement, l'Etat hébreu sera plus enclin au compromis. Voire. Tel Aviv est quasiment seul sur la scène internationale. «Le monde est fatigué de nos explications sur les raisons pour lesquelles nous occupons encore, depuis quarante-trois ans, les territoires palestiniens», admettait récemment le ministre travailliste du Commerce et de l'Industrie, Benyamin Ben Eliezer. C'est encore plus exact depuis le raid sur la flottille humanitaire. Les appels au boycottage d'Israël se multiplient. Une stratégie qui gagne du terrain. Au plan culturel d'abord. En juin, en France, le réseau de cinémas Utopia déprogrammait un film israélien « A cinq heures de Paris ». Parallèlement, un festival de Haute-Garonne, annulait la venue du ballet Hora de Jérusalem. Si la polémique les a fait revenir sur leurs décisions, ces initiatives s'inscrivent dans un mouvement plus large. Des groupes de musique américains et européens ont annulé des concerts en Israël; des universités ont mis fin, certaine depuis longtemps, à leur coopération avec leurs homologues israéliennes. En économie, le boycottage risque d'être douloureux s'il s'accroît. Les responsables le savent et ont fortement protesté contre sa mise en place. Ainsi la Deutsche Bank (après d'autres institutions financières et fonds de pension européens) a annoncé qu ‘elle se retirait du capital de l'entreprise d'armements Elbit Systems. Deux chaînes de supermarchés italiens n'achètent plus les produits de Carmel Agrexco, craignant que cette société ne leur expédie des marchandises venues des colonies. Une suspicion légitime : pour bénéficier d'un tarif douanier avantageux à l'entrée dans l'UE, les colons estampillent leurs produits comme s'ils provenaient d'Israël. Car les Européens considèrent comme illégale l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-est. Autre chose : en juin, des dockers suédois refusaient de débarquer, pendant une semaine, des conteneurs en provenance d'Israël. Les colons s'inquiètent : en avril, l'Autorité palestinienne interdisait aux commerçants de vendre des produits agricoles ou industriels en provenance des colonies. Or elles vivent, aussi, du 1,5 million de consommateurs palestiniens.