La rencontre à Washington, le 17 mai, du Premier israélien Benyamin Netanyahou avec le président américain Barak Obama, a mis en évidence l'ampleur des désaccords entre les deux hommes. Les divergences portent aussi bien sur la relance du processus de paix israélo-palestinien que sur l'attitude à adopter vis-à-vis de la menace nucléaire iranienne. L‘annonce prochaine par le président américain d'un plan de paix régional pourrait creuser un peu plus le fossé entre les deux pays. Il est un point sur lequel nous sommes d'accord : nous ne sommes d'accord sur rien ». C'est ainsi que la presse israélienne résumait l'entretien de 2h30 qu'ont eu à la Maison Blanche, le 17 mai dernier, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président américain Barak Obama. Leur rencontre a d'ailleurs duré trente minutes de plus que prévu, un délai mis à profit par les deux hommes pour tenter, mais en vain, de trouver quelques points de convergence. Certes, de part et d'autre, l'on s'est efforcé de minimiser l'ampleur et la portée de ces désaccords. Les photographes ont pu immortaliser une cordiale poignée de main entre le chef de l'Exécutif américain et son visiteur. Tous deux ont souri face aux caméras lors d'une conférence de presse commune. Mais leur entrevue, soigneusement préparée, confirme l'existence d'une crise profonde entre les deux alliées de longue date, Israël et les Etats-Unis. L'ordre du jour même de cette rencontre était un objet de litige. Barak Obama avait clairement indiqué qu'il entendait évoquer avec son interlocuteur une rapide reprise des discussions de paix avec les Palestiniens ainsi que la nécessaire création d'un Etat palestinien. Benyamin Netanyahou s'était fait fort de centrer leur discussion sur la menace nucléaire Iranienne, et d'obtenir de son allié un appui déterminé dans la croisade qu'il mène contre le régime de Téhéran. Au grand regret des officiels israéliens, ce sujet n'a été abordé que de manière incidente, Barak Obama, réaffirmant son soutien à une issue diplomatique de la crise et se refusant à fixer une date limite pour la fin des négociations entre l'Iran et la Communauté Internationale. Une manière comme une autre de souligner que le dossier du nucléaire iranien constituait une sorte de rideau de fumée derrière lequel Israël se réfugierait pour justifier le maintien du statu-quo régional. Loin de pouvoir exposer son plan de résolution du conflit israélo-palestinien par l'amélioration des conditions de vie économique et sociale des Palestiniens, Benyamin Netanyahou a dû entendre le président américain plaider abondamment en faveur de la reprise immédiate du dialogue avec l'Autorité palestinienne et de la création d'un Etat palestinien libre et souverain. Le tout assorti d'une très ferme injonction à mettre un terme à la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à procéder au démantèlement des implantations sauvages, conformément aux dispositions inscrites dans la Feuille de Route adoptée en 2003. Encore ne s'agit-il là que du rappel de grands principes. Barak Obama n'a pas dévoilé en effet l'intégralité de son plan de paix régional. Il attend, pour ce faire, de recevoir à la Maison Blanche le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le raïs égyptien Hosni Moubarak. Selon certaines sources, ce plan serait dévoilé le 4 juillet prochain, jour de la fête nationale américaine, et serait une version considérablement amendée de l'initiative de paix formulée par la Ligue Arabe lors de ses sommets de Beyrouth et de Ryad. Pour l'opinion publique israélienne, l'échec de ce premier sommet américano-israélien depuis l'arrivée au pouvoir de Barak Obama et de Benyamin Netanyahou, constitue une véritable douche froide. Cet échec confirme la justesse des mises en garde lancées par la chef de l'opposition, Tsippi Livni, contre toute renonciation à l'esprit des accords d'Oslo et de la Conférence de paix d'Annapolis. Durement malmené par un premier échec en politique intérieure à l'occasion de l'adoption de son budget, le gouvernement Netanyahou essuie de surcroît un camouflet sur la scène diplomatique, et ce, de la part de son plus proche allié. De quoi donner à réfléchir à Benyamin Netanyahou dont la hautaine intransigeance est loin de s'avérer payante, d'autant que les Juifs américains sont définitivement pour la création rapide d'un Etat palestinien. ■