Lors de leur rencontre à la mi-mai à Washington, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président américain Barak Obama évoqueront deux sujets principaux : la relance du processus de paix israélo-palestinien et la menace nucléaire iranienne. Ces deux dossiers sont intimement liés et le nouveau chef du gouvernement israélien sait que pour obtenir satisfaction sur l'un, il devra faire des concessions sur l'autre. La reconduction dans ses fonctions par le Premier ministre Benyamin Netanyahou du général Méir Dagan, le chef du Mossad, les services secrets israéliens, indique bien l'importance que Netanyahou accorde au dossier du nucléaire iranien. C'est en effet le général Méir Dagan qui a, le premier, alerté Ariel Sharon sur la volonté manifestée par le régime de Téhéran d'acquérir l'arme nucléaire tactique et c'est lui qui a poussé les différents dirigeants israéliens à envisager l'éventualité d'une « frappe militaire préventive » contre la centrale atomique de Busher ou le vaste complexe militaro-scientifique de Natanz près de Téhéran. Sa reconduction pour un quatrième mandat à la tête des services secrets laisse penser que cette éventualité, rappelant le raid israélien sur la centrale irakienne d'Osirak en 1981, n'est pas exclue par le nouveau gouvernement israélien. Son chef, Benyamin Netanyahou, estime en effet que « l'acquisition du nucléaire militaire par l'Iran constitue une menace existentielle pour Israël, voire une tentative de vouloir rayer celui-ci de la carte ». Or, cette intransigeance va à l'opposé du cours pris par la diplomatie américaine depuis l'arrivée à la Maison Blanche de Barak Obama. Rompant avec les erreurs de son prédécesseur, le nouveau président américain s'est déclaré favorable à une solution diplomatique de la crise iranienne et à l'ouverture de pourparlers avec le régime des ayatollahs. Il est donc fort peu probable que, lors de sa visite à Washington, à la mi-mai, Benyamin Netanyahou obtienne de Barak Obama un feu vert, même tacite, pour le déclenchement d'une opération préventive contre les sites nucléaires iraniens. Conscient de cette situation, le Premier ministre israélien se contentera d'obtenir de son interlocuteur l'assurance que les Etats-Unis ne feront, dans leurs négociations avec l'Iran, aucune concession susceptible de porter atteinte aux « intérêts sécuritaires d'Israël ». Barak Obama ne serait pas hostile à l'idée de prendre un tel engagement, mais celui-ci a un prix. Les récentes déclarations faites par plusieurs responsables de l'Administration américaine, de la Secrétaire d'Etat Hilary Clinton à l'envoyé spécial de la Maison Blanche pour le Proche-Orient, George Mitchell, montrent que les USA exigent en retour d'Israël : a) une relance immédiate du processus de paix israélo-palestinien en vue d'arriver à un accord fondé sur la solution de deux Etats pour deux peuples ; b) l'arrêt de la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et le démantèlement immédiat des implantations sauvages. Reste à savoir si le nouveau Premier ministre israélien est prêt à accepter de telles concessions qui contredisent le programme sur lequel il s'est fait élire. Ses alliés travaillistes au sein de sa coalition, en particulier le ministre de la Défense Ehoud Barak et le ministre du Logement Fouad Benyamin Ben Eliezer, ont multiplié les contacts avec leurs interlocuteurs américains pour les convaincre : « Benyamin Netanyahou a changé, il est pragmatique et son plan de paix pourrait en surprendre plus d'un ». Ces efforts soigneusement médiatisés se sont révélés vains. La Maison Blanche a rappelé fermement à Barak et Ben Eliezer, qu'elle n'entendait pas se satisfaire de belles paroles et qu'elle jugerait à ses actes le Premier ministre israélien. ■