Barack Obama peut-il réussir là où ses prédécesseurs ont échoué ? Peut-il parvenir à créer un Etat palestinien viable, apaiser les coeurs au Proche-Orient et désamorcer la poudrière irano-israélienne? Est-il prêt pour y parvenir à se fâcher avec Israël ? Quatre mois après son élection, le président américain touche à l'un des dossiers clés de la politique étrangère américaine. Entre les Etats-Unis et l'Etat hébreu, la relation traditionnellement étroite repose sur deux piliers : l'intérêt stratégique réciproque entre les deux pays et l'alchimie entre les hommes au pouvoir : George Bush et Ariel Sharon, Bill Clinton et Itzhak Rabin... Si l'intérêt géopolitique entre les deux Etats demeure, aucune relation personnelle, aucun courant de pensée n'unissent, peu ou prou, Barack Obama et Benyamin Netanyahou, le très droitier Premier ministre israélien. Tout les oppose au Moyen-Orient. La Palestine d'abord. Obama et son équipe veulent créer un Etat palestinien indépendant et viable. Netanyahou s'y oppose farouchement pour des raisons idéologiques et politiques, et une coalition gouvernementale où domine l'extrême-droite et les religieux ultra-orthodoxes. L'Iran, ensuite. Sans abandonner les sanctions, le président américain tend la main aux mollahs qui ont commencé à entrouvrir les leurs. Netanyahou, lui, ne voulait, cette semaine à Washington, parler que du danger nucléaire iranien. Pour sortir de l'impasse proche-orientale, Barack Obama a repris une vieille idée de la politique américaine qui fut aussi celle du prince Abdallah d'Arabie Saoudite en 2002 lors du sommet de Beyrouth. Abdallah y proposait une reconnaissance d'Israël par les Etats arabes en contrepartie de la création d'une Palestine indépendante sur les frontières de 1967. Une solution qui suppose de régler aussi les contentieux israélo-syriens (plateau du Golan) et israélo-libanais. Le président américain a des atouts. Le premier : la communauté internationale est lasse du conflit palestinien. Le récent voyage du pape Benoît XVI en Terre sainte répétant à satiété la nécessité d'un Etat palestinien indépendant en a été une démonstration. Le second : chacun comprend la nécessité de désamorcer le conflit potentiel entre Israël et l'Iran. Il mettrait le feu au Moyen-Orient. S'il n'y a pas de lien direct entre le nucléaire iranien et la Palestine, il est certain que l'activisme iranien vis-à-vis du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais se nourrit de la colère des populations du Proche-Orient face à la politique de colonisation israélienne. Pour mettre en uvre son plan, Washington s'est lancé dans une politique de petits pas. Aux Etats-Unis, les conseillers d'Obama ont tenté de convaincre les lobbies pro-israéliens, tels le puissant AIPAC (American Israel public affairs committee), que la politique de l'administration Bush de soutien aveugle au Likoud israélien ne servait pas les intérêts de Washington.Un lobby pro-israélien plus modéré, J. Street, proche de l'équipe d'Obama, s'est fait connaître au Congrès depuis l'an dernier. Parallèlement, George Mitchell, l'envoyé spécial sur le dossier israélo-palestinien, a proposé aux Etats du Golfe d'ouvrir des sections d'intérêts économiques en Israël en contrepartie d'un gel de la colonisation. Washington veut obliger l'Etat hébreu à mettre fin aux destructions de maisons, à l'accaparement des terres, aux constructions de colonies et, pour finir, l'obliger à accepter un Etat palestinien indépendant. Le cadre ? L'organisation, peut-être en juillet, d'une grande conférence qui regrouperait le monde arabe, l'Iran, le quartette, l'Europe, l'ONU... Elle rappellerait celle de Madrid en 1991, après la guerre du Golfe, qui avait le point de départ des négociations avec l'OLP.