Pour Barack Obama, cest un véritable camouflet. Pour Mahmoud Abbas, cest aussi une humiliation. Voilà des mois que les Etats-Unis tentaient de convaincre les Palestiniens de reprendre langue avec Israël sans que lEtat hébreu ne mette un terme à la construction des colonies. Mahmoud Abbas a longtemps résisté aux pressions américaines puis il a cédé. Il ne voulait pas compliquer la tâche du président américain ni apparaître comme celui qui serait responsable du blocage au Proche-Orient. Le 7 mars donc, Israéliens et Palestiniens ont commencé des pourparlers indirects. George Mitchell, le négociateur américain a fait la navette entre Benyamin Netanyahou à Jérusalem et Mahmoud Abbas à Ramallah. On se croyait revenu vingt ans en arrière. Mais le pire nétait pas encore arrivé. Le pire ? Lannonce de la construction de 1600 nouveaux logements dans une colonie ultra-orthodoxe de Cisjordanie. Une provocation. Américains et Européens furent dabord incrédules. Ils durent se rendre à lévidence : alors que le vice-président Joseph Biden était en visite en Israël, quil avait publiquement rappelé que la sécurité de lEtat hébreu est un souci majeur pour les Etats-Unis signifiant ainsi que Washington soccupe de sa tranquillité face à lIran, Israël se permettait de bafouer publiquement son principal allié. Netanyahou a-t-il voulu montrer à Barack Obama quil le sait faible et ne sen soucie guère ? Ce serait maladroit. Montre-t-il son refus de toutes négociations avec les Palestiniens, même sil doit sopposer à la terre entière? Peut-être. A-t-il été mis devant le fait accompli par un ministre dextrême droite qui voulait faire capoter les pourparlers ? Trop facile. Les Américains, furieux, ont condamné la décision israélienne dans des termes peu habituels. La situation a au moins le mérite de la clarté. Les pessimistes qui estimaient inutiles la reprise des pourparlers sont confortés dans leur position. Pourquoi monter ce scénario dune reprise des négociations alors que Netanyahou a demblée précisé quil ne discuterait ni des frontières de lEtat palestinien ni de Jérusalem, estiment-ils. La question de la ville sainte fut déjà ce qui fit capoter en juillet 2000, sous Bill Clinton, les pourparlers de Camp David entre Yasser Arafat et Ehoud Barak. Le partage de la cité entre les deux peuples est la condition sine qua non dun règlement de paix. Non sans raison. Les Palestiniens estiment quils ne sont pas les seuls impliqués dans le partage de Jérusalem. La ville de toutes les discordes est celle de tous les musulmans et des trois religions, islam, chrétienté, judaïsme. Reste maintenant à savoir ce qui accouchera de ce nouvel épisode de la tragédie israélo-palestinienne. Evidemment, une dégradation de limage dIsraël au niveau international. Probablement une période de grand froid entre Washington et son «ami» israélien. Et peut-être les Palestiniens nauront-ils plus dautres choix que de proclamer unilatéralement leur Etat et de demander sa reconnaissance par lONU. Sinon, un jour, ils demanderont à devenir des citoyens dIsraël. Et par la combinaison de la démocratie et de la démographie, ils dirigeront le pays. Cest la crainte des plus lucides des Israéliens.