Zone H1. Le nom n'a rien de poétique. Il désigne ce morceau de terre de Palestine qui sépare Jérusalem-Est de Male Adumine, une des plus grandes colonies israéliennes de Cisjordanie. Des villages palestiniens sont installés depuis toujours dans H1. La droite israélienne rêve de les obliger à partir pour bâtir des colonies. «Pas question», ont jusqu'alors répondu les Etats-Unis. C'est d'ailleurs une des rares interdictions que Condoleeza Rice, la secrétaire d'Etat de George Bush, était parvenue à imposer à l'Etat hébreu. Cette interdiction est en train de voler en éclats. Benyamin Netanyahou a autorisé cette semaine la construction de 450 nouveaux logements dans le prolongement de Male Adumine sur la zone H1. L'objectif est clair : faire la jonction entre la colonie (qui coupe déjà partiellement la Cisjordanie d'ouest en est) et Jérusalem-Est. La conséquence ? Supprimer la continuité territoriale, de ce côté, entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est et couper les Palestiniens de la Ville sainte. Ironie du sort, c'est avec Barack Obama que ce dernier forfait pourrait s'accomplir. Les Américains sont désemparés devant l'entêtement israélien et le refus de Benyamin Netanyahou de geler, même pour six mois, la construction des colonies. Un gel qui pourrait permettre, espéraient-ils, de reprendre des négociations avec les Palestiniens et d'obtenir des pays arabes un assouplissement de leurs relations avec l'Etat hébreu. Ils ne sont pas encore prêts à «tordre le bras» de Netanyahou craignant les réactions de la communauté juive américaine. Le Premier ministre israélien joue sur du velours. Il plaide son impuissance politique face à ses alliés de l'extrême droite qui le menacent de quitter la coalition gouvernementale s'il accepte les demandes américaines. On peut aussi parier que Netanyahou qui n'a, sur le dossier des colonies, jamais marqué de grandes divergences avec l'extrême droite, joue la montre et l'affaiblissement de Barack Obama englué dans ses problèmes politiques (assurance maladie, Afghanistan). Benyamin Netanyahou est donc flexible en paroles (création de deux Etats et gel des colonies) sans rien lâcher sur le fond. Pour les Américains, le refus de Netanyahou est un camouflet cinglant. Et ils n'ont pas de plan de rechange. Aussi certains disent-ils vouloir parier sur le projet de Salam Fayyad. Fin août, à Ramallah, le Premier ministre de l'Autorité palestinienne et ancien ministre des Finances, bien vu de Washington qui l'avait imposé à Arafat, Fayyad a présenté son plan: accord de paix ou pas, les Palestiniens doivent déclarer leur indépendance au plus tard en 2011 et créer un Etat arabe, démocratique et souverain en Cisjordanie et à Gaza. La Palestine indépendante sera dotée d'institutions pluralistes, respectueuses des droits de l'homme. Pour sortir de son enclavement, elle devra construire un aéroport international dans la vallée du Jourdain et rouvrir l'aéroport de Gaza. Ce dernier avait été bombardé par les Israéliens une semaine après que le premier avion s'y est posé. La Palestine indépendante entend favoriser l'investissement étranger par des incitations fiscales et ménager Israël en refusant de se doter d'une armée et en signant des accords de sécurité avec Tel-Aviv. Une annonce mal vue de la droite israélienne bien que Salam Fayyad soit un des rares Palestiniens qui trouvent grâce à ses yeux. Il y a quelques années, il avait même été invité au mariage de la fille de Dov Weisglass, le directeur de cabinet du Premier ministre Ariel Sharon et placé à la droite de ce dernier. D'autres, en Israël, qui assurent soutenir le plan Fayyad, ont surtout envie d'attiser la rivalité croissante entre le Premier ministre et Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. Ils savent que Fayyad rêve de devenir calife à la place du calife et déclarent ne plus croire en la capacité d'Abou Mazen, l'homme de paix, à parvenir à une solution. Ils feignent d'oublier que si Fayyad est l'enfant chéri des Occidentaux, il n'a aucune base politique en Palestine. On voit mal comment il pourrait arriver seul à la paix. Reste à savoir si Israël en a envie.