Amine Benjelloun Touimi, directeur general de Barid Al maghrib L'Observateur du Maroc. Barid Al Maghrib vient de créer une filiale «Al Barid Bank». Parlez-nous de cette filiale? Amine Benjelloun Touimi. Effectivement, Barid Al Maghrib a créé une filiale qui est à 100% une banque. Grâce à la loi 07-08, Barid Al Maghrib va devenir une société anonyme dont le capital appartient entièrement à l'Etat. Cette banque «Al Barid Bank» reprend, tout simplement, les activités du service financier qu'avait la poste. Il s'agit d'un projet stratégique. Nous démarrons cette banque avec 938 agences tout de suite. Grâce à cette banque, nous allons pouvoir améliorer le taux de bancarisation au Maroc qui va passer de 34 à 47% puisqu'auparavant les statistiques sur la bancarisation ne comprenaient pas les clients de Poste Maroc. Avec Al Barid Bank aujourd'hui, c'est le cas. Quelle serait votre clientèle cible ? Al Barid Bank est une banque de plein exercice. Elle va se focaliser sur les particuliers. Comme nous allons aussi nous focaliser sur la clientèle non-bancarisée aujourd'hui, c'est-à-dire- les clients qui ont des revenus faibles. Et pourquoi pas les entreprises ? Notre vocation, ce sont les particuliers. Aujourd'hui, nous n'avons pas l'intention de développer l'entreprise. Il y a des banques qui font cela. Nous, notre objectif c'est d'augmenter le taux de bancarisation au Maroc, pour favoriser l'inclusion financière. Qu'en est-il de l'octroi du crédit ? Nous sommes à l'écoute des besoins de nos clients, donc on pourra leur offrir des crédits à la consommation, des découverts, des avances sur salaires et aussi dès 2011, des crédits immobiliers. La scène bancaire au Maroc est fortement concurrentielle. Quelle serait votre stratégie de différentiation ? Nous pensons que nous sommes véritablement complémentaires avec le réseau bancaire actuel parce que la moitié du réseau Al Barid Bank se trouve dans le milieu rural. Les banques en général n'ont pas d'agences dans le milieu rural, et nous, notre objectif est de permettre à ces populations qui n'avaient pas accès au service financier de pouvoir y accéder. Le monde rural est habitué à la thésaurisation. Comment allez-vous changer ce mode d'épargne ? Il faut savoir que la force de Barid Al Maghrib, et maintenant sa filiale, c'est qu'elle a la proximité avec ses clients. Ils viennent déjà chez nous pour les services classiques de la poste. Donc on se connait déjà. On va dialoguer et on va les aider à mieux appréhender les services financiers. Voilà un peu ce que nous allons faire. Comment se porte Barid Al Maghrib? Barid Al Maghrib se porte bien. Nous allons avoir des conseils d'administration prochainement, dans lesquels nous allons annoncer nos résultats. Je peux vous dire que nous sommes satisfaits de l'activité de l'année 2009. Certes, l'un des projets stratégiques de Barid Al Maghrib était la banque, mais Barid Al Maghrib c'est aussi les activités courriers qui sont aujourd'hui en train d'être modernisées. A titre d'exemple, nous sommes en train de finaliser un grand centre de tri qui va être pratiquement l'un des plus importants en Afrique, et ce centre de tri va améliorer encore d'avantage la qualité de distribution du courrier, et il pourra traiter pratiquement un million de plis par jour. Est-ce que vous n'avez pas un coup de cœur pour la lettre classique ? Je pense que tout le monde aujourd'hui utilise l'écriture électronique, les e-mails et tout ce qui est moderne. Mais je pense que la lettre garde sa noblesse et donc on va travailler peut-être avec le ministère de l'Education nationale pour donner l'envie encore aux enfants de rédiger des lettres. Nous avons des projets dans ce sens parce que c'est très important d'apprendre aux enfants à rédiger et envoyer des lettres.