Nous avons décidé d'imprimer une nouvelle et forte impulsion à ce chantier de règne. Nous appelons tous les acteurs à tenir compte, lors de la préparation des projets de l'INDH, de la spécificité de ceux-ci, tout en s'assurant de leur pérennité et de leur synergie avec les différents programmes sectoriels et les plans de développement communaux, la nécessité de soumettre lesdits projets au contrôle et à l'évaluation, et veiller à donner corps aux recommandations de l'Observatoire national de l'INDH et l'impératif de se focaliser sur les microprojets, générateurs d'emplois et de revenus stables, surtout dans le contexte économique difficile actuel», extrait du discours de roi Mohammed VI à l'occasion de fête du trône de 2009, qui a coïncidé avec le 10e anniversaire du règne du souverain. Si le roi décide de donner une nouvelle impulsion à l'INDH et de mettre l'accent sur les activités génératrices de revenus, c'est que les choses n'allaient pas dans le bon sens voulu au départ. Cinq après son lancement en mai 2005, le bilan de l'INDH divise les responsables du comité de pilotage qui parlent d'un «franc succès» et des observateurs qui constatent que l'Initiative «n'a pas porté ses fruits». Atouts et blocages Les atouts de l'INDH ne manquaient pas. Comme le souligne l'Observatoire national du développement humain (ONDH) dans son rapport de 2008, cette Initiative partait avec une longueur d'avance grâce à «une médiatisation importante à son lancement, des ressources financières ciblant des objectifs précis et planifiés sur plusieurs années, des procédures simplifiées pour accélérer sa mise en œuvre et soumises, annuellement, à des audits conjoints de l'Inspection générale des finances et de l'Inspection générale de l'administration territoriale du ministère de l'Intérieur». Bénéficiant de l'appui de l'appareil de l'Etat, du plus haut niveau jusqu'au dernier fonctionnaire de l'administration, et d'une prise en compte des villes à parité avec le monde rural, l'Initiative offrait une chance unique de sortir ces régions de la pauvreté et de l'exclusion. La Carte de la pauvreté établie par le Haut commissariat au plan (HCP) a permis un ciblage à l'échelle nationale. Cependant, suite à une étude réalisée par l'ONDH sur la perception de l'INDH par la société, il ressort que l'Initiative reste relativement méconnue. Ceci, «en dépit de sa forte médiatisation lors de son lancement», remarque l'Observatoire. Selon son enquête, 43,4% des répondants, surtout parmi les non-instruits, les séniors, les populations appartenant aux couches les plus défavorisées, les femmes et les ruraux déclaraient n'avoir pas encore entendu parler de l'INDH en 2008, soit trois années après son lancement. Sur le terrain, le constat de l'ONDH n'est pas reluisant. «La distribution des ressources de l'INDH aux populations cibles s'est avérée non concordante par rapport au critère de pauvreté. En effet, les dotations INDH par habitant ciblé, au lieu de suivre une courbe ascendante en fonction du niveau de pauvreté provinciale, sont relativement plus élevées dans les provinces où le taux de pauvreté se situe entre 10 et 20% et décroissent paradoxalement dans les provinces où ce taux est supérieur à 20%», analyse l'Observatoire que dirige l'ex ministre l'Education Rachid Belmokhtar. Appelées à mettre la main à la poche et à contribuer activement à l'INDH, les communes n'ont pas toutes répondu à l'appel. Elles n'assurent, en moyenne annuelle, que 14,2% de la maîtrise d'ouvrage des projets lancés dans le cadre de l'Initiative. Ce ratio tombe à 8,7% dans les communes urbaines. «Cette situation pose le problème de l'appropriation par les communes des projets de l'INDH et partant, la question de la pérennité des investissements réalisés», notent les auteurs du rapport. «La convergence qui, malgré les efforts déployés, est restée, dans les faits, somme toute marginale, doit être renforcée Une mise en œuvre réussie de la convergence suppose une concertation en amont, c'est-à-dire une procédure, de la bonne volonté… et du temps», recommandent-ils. La concentration de la gestion des crédits de l'INDH au niveau des services du Premier ministre crée une lourdeur au niveau des procédures de mise en œuvre des programmes. Cette lourdeur fait l'objet de nombreuses plaintes exprimées par les associations. AGR à améliorer… Les activités génératrices de revenu (AGR) ne représentent que 13% du nombre de projets de l'INDH engagés au cours de la période 2005-2008 et 8% des montants engagés. Très limitées en milieu urbain notamment (7% du montant financier), ces activités risquent, selon le document de l'ONDH, d'introduire une certaine confusion, chez les bénéficiaires potentiels, avec le microcrédit ou avec les différents programmes initiés par les pouvoirs publics pour la promotion des petites et moyennes entreprises (Moukawalati, programme TPE,…). Par ailleurs, selon la même source, 54% des AGR sont mises en œuvre par des associations et des coopératives qui ne disposent pas toujours d'un système de gestion financière et comptable conforme à la réglementation. Qui plus est, leur statut d'institutions à but non lucratif rend difficilement compatible la performance commerciale et financière recherchée avec le respect de leur vocation originelle. «De manière générale, les AGR offrent peu de diversité quant à la nature des projets et peu de visibilité quant à leur viabilité économique, faute d'un accompagnement et d'un encadrement adéquats. Un recadrage de ces AGR dans le cadre de l'INDH est donc nécessaire», conclut le rapport.