L'ancien directeur du journal TelQuel Réda Benchemsi n'avait aucune preuve de ce qu'il avançait dans une tribune publiée en juin 2012, dans le quotidien français Le Monde où il est pigiste actuellement. Il avait porté de graves accusation contre le secrétaire particulier du roi Mohammed VI Mohammed Mounir El Majidi qui l'avait poursuivi devant la justice française. La 17 ème chambre correctionnelle du tribunal de grande Instance de Paris a rendu son verdict aujourd'hui. Les juges ont établi le caractère diffamatoire de toutes ses allégations. Un jugement qui satisfait le demandeur ainsi que l'a déclaré son avocat Me Hicham Naciri : « Ce jugement satisfait notre client qui, au-delà des réparations financières, cherchait à voir son honneur lavé de ces accusations malveillantes et infondées ». Voilà donc chose faite. « Ce verdict confirme que, si la liberté d'expression est sacrée, elle n'autorise pas à salir une personne au prix d'allégations, dont une justice indépendante a reconnu aujourd'hui le caractère diffamatoire. Le droit d'informer, la liberté d'expression ne sont ni un droit de salir, ni la liberté de diffamer. C'est ce qui est confirmé aujourd'hui par le Tribunal de Paris. », ajoute l'avocat. Cependant le journaliste a été relaxé puisque le tribunal n'a pas pu déterminer sa mauvaise foi comme l'a souligné Me Aurélien Hamelle. Si Bencehmsi a été donc relaxé « il le doit à sa bonne foi » dit-il. Même si on peut débattre sur cette bonne foi. Quelle valeur juridique lui accorder quand le mal est déjà fait ? Sans parler de la valeur morale bien entendu. Le journaliste « a en effet tenu à l'égard de notre client des propos que le tribunal qualifie lui-même de diffamatoires et ce n'est qu'en raison du contexte dans lequel ces propos diffamatoires ont été tenus que monsieur Benchemsi a été relaxé ». Une affaire rondement menée par la justice française. Le journaliste s'en sort et l'honneur du plaignant est sauf. D'autant plus que les manœuvres de Benchemsi et ses avocats tendant à transformer le procès en plaidoyer contre le Maroc et ses institutions n'ont pas été concluantes, le tribunal les a écartées, se limitant à l'objet précis de cette affaire. Le journaliste reçoit ainsi un sérieux avertissement qui li servira certainement dans l'avenir si d'aventure, il décide de poursuivre sa carrière journalistique. Car, et cela tous les journalistes le savent, avant d'accuser une personne, il faut s'armer des preuves capables de terrasser tous les contradicteurs. Benchemsi ne l'a pas fait, c'est dommage pour sa carrière. Elle avait pourtant bien commencé. Il était le fondateur du magazine Telquel qui avait sa place dans le paysage médiatique marocain. La chute est venue rapidement néanmoins, par le fait de plusieurs mésaventures financières qui allaient compromettre la survie du journal. Heureusement pour le titre, ses repreneurs ont redressé la situation. Quant à Benchemsi, il avait pris un autre chemin, c'est son choix. Pour le moment, il pense s'en être sorti devant la justice, mais du point de vue de l'éthique, il va lui être difficile de se réclamer d'un professionnalisme journalistique infaillible.