On imagine la réaction d'un peuple nourri à la haine d'Israël et au soutien inconditionnel aux Palestiniens. Le président a, dans presque toutes ses sorties médiatiques, juré qu'il s'occupait en personne de la question palestinienne et que la position de son pays n'a jamais changé et ne changera pas. Comment un peuple peut-il alors admettre ce revirement inconcevable et donc inacceptable? Justement la polémique a enflé et la présidence, qui a senti la bourde, entrepris d'atténuer ses effets. Alors comment s'en sortir? Les médias du régime, c'est normal, sont toujours prêt à servir. Ils diront quoi? Selon eux, le président a lié la normalisation à la constitution d'un Etat Palestinien entier. C'est-à-dire un Etat totalement indépendant et souverain, avec ses frontières, sa monnaie, son armée sa politique étrangère... Et donc, selon les médias, Tebboun aurait tordu les bras à Israël. C'est là que les choses deviennent intéressantes et la question qui a le plus taraudé les esprits est la suivante: est-ce que le président a prononcé le mot « entier »? Entier ou pas entier? Comme tous les Algériens ne lisent pas les médias français (l'arabisation a fait des ravages) en question, ils se son laissé bercer par leurs propres médias qui leur ont servi cette explication. Néanmoins, les plus tenaces ont repris l'entretien à la source et ont cherché cette fameuse promesse présidentielle. Qu'ont-ils donc trouvé? Plutôt que n'ont-ils pas trouvé? Le mot « entier » justement. Aucune trace. Ce qui veut dire que le président serait prêt à normaliser si un Etat palestinien est constitué. Un Etat palestinien, entier ou pas. Il peut être diminué de quelques attributs de la souveraineté ce qui laisserait, évidemment, une très grosse marge de manoeuvre à Israël. Même si l'Etat palestinien n'est pas entier, Abdelmajid Tebboun est prêt à normaliser. Les Algériens en sont encore là aujourd'hui. Ils ont fini par comprendre pourquoi le régime militaire leur a interdit toute manifestation en soutien du peuple palestinien. Manque de légitimité C'est donc ça! Oui c'est ça est rien d'autre. La question palestinienne n'est qu'une carte utilisée par un régime en manque de légitimité. De quoi occuper la population qui souffre d'une situation économique désastreuse, d'une image fortement dégradée de leur pays et d'eux-même à l'étranger (l'affaire des influenceurs) et des nombreux échecs diplomatiques, culturels et sportifs. Le conflit du Moyen Orient permet au régime d'expliquer les difficultés du pays: le complot sioniste, le complot Maroco-sioniste et puis le complot franco-maroco-sioniste. C'est beaucoup pour un seul pays. Et le régime s'en sort. Quand les citoyens font la queue pour acheter du lait, du gaz ou du carburant, ils doivent accepter la situation parce que le pays est menacé. C'est dans tous les discours. Depuis ce qu'ils appellent indépendance. De subterfuge en subterfuge, le régime avance bon an mal an aidé par une population qui croit aux mensonges les plus scabreux qu'on lui sert. A ce propos, il y a une politique française, députée européenne qui a rappelé à l'Algérie qu'elle coûte à la France plus de 9 milliards d'euros (aide au développement, factures impayés auprès des hôpitaux, bourses d'étudiants, fraude aux pensions de retraite.... ). La mule a été si lourdement chargée qu'elle refuse d'avancer. L'Algérie n'avance plus depuis longtemps.