Le marché de la volaille connaît actuellement une hausse significative des prix. Le prix du kilogramme de poulet vivant dépasse les 25 dirhams. Selon le président de la fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), Youssef Alaoui, cette situation découle d'une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels, notamment la flambée des coûts des intrants, la demande croissante pour la viande blanche, les déséquilibres dans la chaîne d'approvisionnement, ainsi qu'un manque de soutien structurel adapté. À cela s'ajoute une forte mortalité des poussins, exacerbée par la vague de froid récente. Insuffisance Alaoui indique que la production de la volaille et des œufs a augmenté entre 12 % et 26 % ces dernières années. Cependant, d'après lui, cette hausse reste insuffisante répondre à une demande en forte progression, alimentée par le transfert des habitudes de consommation de la viande rouge, devenue trop coûteuse, vers la viande blanche. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, notamment les répercussions durables de la pandémie de COVID-19, qui ont forcé certains éleveurs à fermer leurs exploitations ou à réduire considérablement leurs capacités de production. Le président de la FISA rappelle également que la filière avicole dépend fortement de deux producteurs mondiaux pour l'approvisionnement en reproducteurs et parentaux, essentiels à la filière. « Ces commandes nécessitent une anticipation de six mois à un an, ce qui rend impossible une augmentation rapide de la production. En outre, le cycle d'élevage des parentaux, d'une durée de 23 à 25 semaines, rallonge encore les délais », précise-t-il. Pression économique Le secteur avicole subit également une pression économique aggravée par la hausse des prix des matières premières, notamment depuis le début du conflit entre l'Ukraine et la Russie. « Nous importons la totalité de notre maïs et autres aliments nécessaires à l'élevage », tient à souligner Alaoui. En l'absence de subventions ou de mécanismes de soutien étatiques, contrairement à d'autres filières comme la viande rouge ou le lait, les éleveurs doivent absorber ces coûts élevés, ce qui se reflète inévitablement sur les prix à la consommation. Alaoui pointe également du doigt la multiplication des intermédiaires entre fermes et abattoirs, qui contribue à alourdir les prix pour les consommateurs. Malgré cela, il explique que le prix de la volaille, bien qu'en hausse, reste compétitif par rapport à celui de la viande rouge. « À 27 dirhams le kilo, la viande de volaille reste quatre fois moins chère que la viande rouge, tout en offrant teneur comparable en protéines», explique-t-il. Freins Le développement du secteur est également entravé par les difficultés à obtenir des autorisations pour la construction de nouvelles fermes. « Si nous voulons augmenter les capacités de production, il est impératif de pouvoir construire davantage de bâtiments d'élevage», insiste Alaoui. Il plaide ainsi pour une simplification des démarches administratives, pour encourager les investissements et améliorer les conditions de production dans un contexte de forte demande. Face à ces défis, des discussions sont en cours avec le ministère de l'Agriculture. Le gouvernement s'est engagé à examiner des solutions pour faciliter les investissements et soutenir la filière. Alaoui insiste toutefois sur la nécessité de « laisser les professionnels travailler dans des conditions favorables » afin de garantir la stabilité et la pérennité du secteur.