Mettant en scène Jude Law et Nicholas Hoult, le thriller policier qui revient sur la vraie histoire d'un groupe terroriste de suprémaciste blanc actif dans les années 80 aux USA, a été présenté en ouverture de la 21ème édition du Festival International du Film de Marrakech. Après Venise, vous venez à Marrakech présenter votre dernier film « The Order » en ouverture du festival. Quel est votre sentiment de revenir pour la 3ème fois à Marrakech après avoir été primé en 2011 ici ? C'est un vrai honneur de revenir à Marrakech et de pouvoir présenter mon film en ouverture du festival. J'ai eu le Prix du Jury ici pour mon film Snowdown en 2011, et quelques années plus tard, j'étais membre du jury. Cette ville est magnifique et le festival est très particulier, avec de vrais passionnés du cinéma qui supportent des auteurs qui sortent leur premier et second film et mettent en avant leurs visions singulières, c'est très unique comme approche. « The Order » est un thriller policier qui parle d'un groupe suprémaciste blanc ayant sévi dans les années 80 aux USA. Qu'est ce qui vous a touché dans cette histoire ? J'ai grandi en regardant des films américains, j'étais un vrai passionné et étant adolescent, j'étais friands de ce genre de films, c'était presque instinctif, et lorsque j'ai parcouru les premières pages du livre, j'ai accroché, je n'avais aucune de cette histoire auparavant, ce groupe terroriste a vraiment existé aux USA, ce sont des gens dangereux, et leur influence, j'ai aimé que ça s'est réellement produit dans le passé, Le film relate les crimes abominables commis par ce groupe aux USA, il y a beaucoup de violence mais c'est aussi une question de famille. Pourquoi avoir choisi de traiter ce film sous cet angle ? C'est intéressant de voir comment les personnages du film entretiennent des relations avec leur famille. Et on voit cela avec Bob Mathews, le terroriste et leader de la milice néonazie The Order, qui a deux familles en même temps, et qui les garde autour de lui, avec l'aval du groupe qui le supporte, ... je trouve que sans famille, on se retrouve isolé et dans la plupart de mes films, je m'intéresse aux relations qu'entretiennent mes personnages avec leur famille, ça aide à donner une dynamique au film, c'est très important pour moi, ça rend les personnages plus humains. Justin Kruzel avant la projestion de son film The Order en ouverture de la 21ème édition du FIFM. Comment avez-vous convaincu Jude Law d'interpréter l'agent du FBI et d'être aussi le producteur du film ? Jude Law que j'adore, a tout de suite été séduit par le scénario, notamment par un rôle qu'il n'avait jamais exploré auparavant. L'agent du FBI qu'il incarne, très américain, possède une certaine nostalgie et une robustesse qui l'ont attiré. Il n'a pas hésité à le produire, c'est génial quand un acteur s'investit dans le projet, je ne l'ai jamais vu incarner un rôle pareil, et lui aussi voulait faire quelque chose de différent. C'est génial de tourner avec des acteurs qui ne se répètent pas, qui n'ont pas peur de faire quelque chose de nouveau et de sortir de leur zone de confort. Et le choix de Nicholas Hoult ? Il parait que Jude Law et Nicholas ne se sont pas rencontrés pendant 4 semaines depuis le début du tournage ? Ce sont deux personnages qui se pourchassent mutuellement, et ils ont décidé de ne pas se rencontrer, avant le fameux face à face dans la première scène du film, et ça a fonctionné. La tension entre les deux personnages était perceptible pendant le tournage et le rendu était plus crédible. Dans la plupart de vos films, vous explorez la psychologie de la violence, surtout lorsqu'il s'agit de faits réels. Pourquoi cette fascination pour la violence et comment parvient-on à filmer avec brio la violence à l'écran ? Mes films ont tous un lien avec la violence, et c'est fascinant pour moi de traiter ce genre de personnages, d'essayer de comprendre la raison qui les pousse à devenir violents, de voir comment ça s'exprime et ce qu'on peut en tirer comme leçon. Je suis curieux et j'aime explorer ce côté sombre d'une personne, ce qui la pousse à adopter un tel comportement. Actuellement, je cherche désespérément à tourner une comédie, je n'ai pas encore trouvé le sujet qui m'intéresse, je pense que lorsque vos enfants grandissent, vous commencez à chercher à faire des choses différentes. Quel genre de réalisateur êtes-vous ? Etes-vous plus directif ou préférez-vous laisser à vos acteurs la liberté d'improviser ? J'adore diriger les acteurs, j'en suis à mon 6e film, mais vous savez, réaliser des films, c'est un peu compliqué. Une partie du boulot consiste à être spontané, et je pense qu'il ne faut être ni trop directif ni le contraire, il faut trouver le juste milieu. Vous allez animer une Masterclass pendant le festival. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes réalisateurs qui veulent percer dans le métier ? Il faut très rapidement trouver sa voie et identifier son point de vue du cinéma. ça m'a pris du temps de comprendre où est ce que je voulais me situer, comment véhiculer à l'écran telle ou telle idée, et comment faire adhérer l'audience à mon point de vue et à ma façon de voir les choses. Pensez-vous que le cinéma a la pouvoir de changer les choses ? Je pense que le cinéma a une grande influence sur le subconscient des gens. Il y a des expériences qui vous touchent profondément et vous bouleversent à jamais, ils restent avec vous et vous affecte à vie. C'est très émotif, et cette influence, ça peut être extrêmement puissant, voire même obsessionnel à long terme et je pense que c'est important de voir des films avec des gens autour et de partager ces moments ensemble et de voir comment le film nous a impacte différemment.