Les faits La sentence est tombée comme un couperet. La Cour d'appel de Rabat a condamné à deux ans de prison les trois auteurs d'un viol collectif dont la victime est une enfant de 11 ans. Les coupables âgés de 25, 32 et 37 ans ont violé, à répétition, la fillette originaire de Douar Ghzouana à Tifelt. Et comme un malheur, n'arrive jamais seul. La victime est tombée enceinte de ses violeurs. Les réactions « Cette sentence injuste et complètement improportionnelle à la gravité du crime a été un véritable choc pour les activistes féministes et pour l'opinion publique », nous affirme Samira Muheya, présidente de la Fédération des ligues des droits des femmes. D'après cette dernière, la justice est passée à côté du « bon jugement » pour un crime d'une telle atrocité. « La victime a été violée collectivement et à répétition par ces monstres. Pire encore, elle a été menacée de mort par ses bourreaux pour la réduire au silence. Le comble du malheur, elle tombe enceinte et devient mère alors qu'elle est toujours une enfant. Une vraie tragédie », s'insurge Muheya. Même consternation du côté de Bouchra Abdou, directrice de l'association Tahadi pour la Citoyenneté et l'égalité. « Deux ans seulement pour avoir brisé un destin et détruit un être. Est-ce là la justice ? », s'interroge Abdou. Du côté du mouvement 7achak, « On demande de revoir complètement le code pénal ! », dixit un post sur la page officielle du mouvement sur instagram. Pour la FDLF, le problème est loin d'être le texte et la loi. C'est plutôt l'interprétation et le traitement des juges des affaires de pédophilie et de viol. Dans un communiqué rendu public vendredi soir, la fédération exprime son désarroi et son incompréhension devant cette sentence dérisoire « alors que le code pénal est clair et précis : Les peines peuvent aller de 10 à 20 ans de prison ferme lorsqu'il s'agit d'un viol sur mineur. Dans le cas de viol avec défloration comme c'était le cas pour cette fillette, la peine peut atteindre jusqu'à 30 ans », note la fédération. Les réclamations Que s'est-il passé pour que la peine de ces prédateurs soit aussi réduite ? Dénonçant une sentence injuste et entachant gravement la réputation de la justice marocaine, la FDLF réclame l'annulation de ce jugement et la révision, à la hausse, des peines infligées aux violeurs de Ghzouana. « Pour donner l'exemple et dissuader tout prédateur guettant dans l'ombre et risquant d'être encouragé par une telle « tolérance » », réclame la présidente de la FDLF. N'oubliant guère la victime devenue mère en un si jeune page, la fédération rappelle la nécessité de lui offrir, en urgence, un accompagnement psychique rapproché. « Nous réclamons également l'application stricte des termes de la loi 103-13 anti- violence contre les femmes et les enfants et la réforme radicale du Code pénal pour l'adapter à l'esprit de la Constitution 2011 et des conventions internationales des droits de l'Homme ratifiées par le Maroc », conclut-t-on auprès de la FDLF