« L'Espagne et le Maroc partagent l'ambition d'aller vers l'avant en matière des relations bilatérales », a souligné le chef du gouvernement Aziz Akhannouch en marge du forum organisé en marge de la Réunion de haut niveau (RHN) Maroc-Espagne, à l'initiative de la CGEM, de la Confederación Española de Organizaciones Empresariales (CEOE) et du Conseil économique Maroc-Espagne (CEMAES). « Ces relations, a-t-il soutenu, sont dans l'intérêt du Maroc et de l'Espagne, mais aussi de l'Europe », a ajouté Akhannouch. De son côté le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez a mis en avant l'importance que son pays accorde aux relations avec le Maroc et l'objectif commun d'ouvrir une nouvelle étape qui va permettre de bénéficier du plein potentiel offert par ces relations renouvelées, lesquelles sont fondées sur la confiance. « Nous avons l'opportunité d'entamer une relation renouvelée entre le Maroc et l'Espagne basée sur la confiance mutuelle », a-t-il soutenu. Intervenant à cette occasion, le président le la CGEM, Chakib Alj a noté que les liens entre les deux pays sont solides et résilients, rappelant que l'Espagne est, depuis plus de 10 années, le premier partenaire commercial du Maroc, puisque les échanges se sont élevés à environ 17 milliards d'euros en 2021, malgré une conjoncture difficile, et s'inscrivent constamment en hausse avec des taux de croissance annuels à deux chiffres. «Les 14 km qui séparent les deux pays constituent un pont liant l'Afrique et l'Europe qui partagent les mêmes aspirations, les mêmes défis et un destin commun. Notre forum d'aujourd'hui est un nouveau départ vers un partenariat économique rénové et un modèle de voisinage », affirme Alj ajoutant que dans un monde où l'on passe d'une crise à une autre, la coopération entre les voisins et les amis, dans une approche pragmatique et à long terme, est plus que nécessaire. Elle est indispensable ». L'essor des échanges bilatéraux Les échanges commerciaux entre le Maroc et l'Espagne ont connu un grand essor au cours des deux dernières décennies. Selon la note publiée par la direction des études et des prévisions financières, ils ont atteint un record de 153,8 milliards de dirhams en 2021, en hausse de 20% par rapport à 2020 et de 6% depuis 2019. Entre 2011 et 2021, les échanges bilatéraux ont marqué un taux de croissance annuel moyen robuste de 8%. Par ailleurs, la progression des exportations vers l'Espagne (+8,3% par an en moyenne) s'avère plus rapide que celle des importations en provenance de ce pays (+7,8%). Aujourd'hui, l'Espagne est le premier partenaire commercial du Maroc, avec une part de 17,9% du total des échanges en 2021, en hausse de 4,6 points depuis 2011. Elle est le premier client du Maroc (21,5%, +3,2 points) et son premier fournisseur (15,7%, +4,7 points). Néanmoins, la part du Maroc sur le marché espagnol a presque doublé sur la dernière décennie pour atteindre 2% en 2021 contre à peine 1,2% en 2011, témoignant du dynamisme des exportations marocaines sur cet important marché de proximité. La DEPF relève que le solde commercial avec l'Espagne reste structurellement déficitaire. Le déficit s'est élargi en 2021 pour atteindre 12,1 milliards de dirhams contre 2 milliards de dirhams en 2020. Le taux de couverture, de son côté, a enregistré 85% en 2021 contre un pic de 97% en 2020 et une moyenne de 80% sur la période 2011- 2019 (avec un creux de 60% en 2012). Concernant investissements, les chiffres de la DEPF montrent que les flux d'IDE espagnols au Maroc se sont établis à 1,6 milliard de dirhams en 2021, en baisse de 8,5% par rapport à 2020. Leur part dans les flux totaux d'IDE reçus par le Maroc est passé à 5,2% en 2021, contre un pic de 6,9% en 2020 et un creux de 3,3% en 2016. Sur la période 2011-2021, la part des IDE espagnols au Maroc s'est établie à 4,8%, niveau jugé important par rapport à la taille économique de l'Espagne. A fin septembre 2022, les recettes d'IDE en provenance de l'Espagne ont atteint 1,4 MMDH, en hausse de 16,3% en glissement annuel. Toutefois, la part de l'Espagne a reculé à 4,5% (contre 5,4% en janvier-septembre 2021), derrière la France (27%), les Etats-Unis (23,5%), les Emirats Arabes Unis (10,2%) et la Grande Bretagne (9,3%). Selon le patron des patrons, 17.000 entreprises espagnoles ont des relations commerciales avec le Maroc et presque 800 y sont établies. Des opportunités à saisir Aujourd'hui, les deux pays veulent donner un nouvel élan à leur coopération économique. De nombreuses opportunités ont été identifiées dans divers secteurs. Le président de la CGEM a relevé que « la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales est une réelle piste de croissance pour les deux pays ». Il a ajouté également que « la complémentarité économique entre les deux pays et la proximité géographique permettent de construire de vrais écosystèmes industriels intégrés, durables et innovants, dans des secteurs stratégiques comme l'automobile, l'aéronautique, l'industrie pharmaceutique ou encore le textile ». Présent lors du forum, le ministre de l'industrie et du commerce, Ryad Mezzour estime que le secteur de la transition énergétique, l'environnement et l'économie circulaire sont les secteurs clés au cœur du partenariat économique entre le Maroc et l'Espagne. Il a exprimé aussi sa conviction que les deux pays peuvent mettre en œuvre la plateforme industrielle commune la plus compétitive au monde. Pour marquer cette nouvelle étape de partenariat bilatéral, 24 accords vont être signés entre les deux pays, comme l'a précisé Akhannouch. Sanchez, lui, a annoncé lors du forum, la signature d'un nouveau protocole de financement de 800 millions d'euros pour financer de nouveaux projets d'intérêt commun réalisés par des entreprises espagnoles au Maroc.