L'Observateur du Maroc et d'Afrique : L'Union pour la Méditerranée sur l'emploi et le travail a tenu sa cinquième réunion autour de l'emploi et l'employabilité des plus vulnérables. Quels étaient les objectifs de cette réunion ? Abdelkader El Khissassi: C'est une thématique très importante en particulier pour les jeunes et les femmes. La rencontre a été marquée par une forte présence ministérielle des pays membres de l'UpM, une délégation de haut niveau de l'Union Européenne et des pays du Sud comme la Jordanie, l'Egypte ...et bien sûr le Maroc. Les échanges ont porté sur les défis les plus urgents pour le marché du travail dans la région euro-méditerranéenne. L'objectif est que les Etats puissent assurer une reprise inclusive, verte, numérique et durable pour tous, notamment pour les populations les plus vulnérables. Le défi aussi est de multiplier les efforts de coopération entre l'Europe et la Méditerranée afin de réduire le taux de chômage, mettre en place une formation adéquate aux exigences du marché du travail, accorder une attention particulière à l'autonomisation des femmes et aux métiers du futur qui permettront de générer des opportunités d'emploi pour les jeunes. Les ministres présents ont exprimé leur engagement à promouvoir l'emploi et mettre en place des politiques sociales répondant aux problèmes spécifiques des jeunes et des femmes. Quelles sont les initiatives lancées lors de cette rencontre ? Plusieurs projets ont été lancés à l'instar de l'initiative régionale équipe Europe « L'emploi grâce au commerce et à l'investissement » dans le voisinage sud. Ce projet a pour objectif de contribuer à la mise en œuvre du nouvel agenda pour la Méditerranée et de son plan économique et d'investissement. Concrètement, l'UE, les Etats membres participants, leurs agences de développement, ainsi que la Banque européenne d'investissement (BEI) et la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) mobiliseront environ 2,8 milliards d'euros pour promouvoir des approches innovantes en matière de création d'emplois dans le Sud et l'Est de la Méditerranée. En outre, l'événement a été marqué par le lancement du hub de l'UpM pour l'emploi, le commerce et l'investissement. Une enveloppe de 11 millions d'euros est allouée à ce projet qui sera financé par l'Allemagne et l'Espagne. Ce hub fournira une assistance technique aux Etats membres de l'UpM dans les domaines de l'emploi et de l'intégration économique régionale en particulier. Quelles sont les points forts de la feuille de route 2022-2025 annoncée à l'issue de la rencontre ? Dans la déclaration finale, les ministres chargés de l'emploi et du travail ont appelé à mettre en place une feuille de route 2022-2025 sur laquelle le secrétariat de l'UpM va travailler en étroite collaboration avec la commission européenne pour concrétiser les grandes lignes de cette déclaration. Cette feuille de route devrait se focaliser sur les jeunes qui ne sont pas en situation d'emploi, d'éducation ou de formation. L'objectif est de rechercher des alternatives pour créer une meilleure adéquation entre la formation et les exigences du marché du travail. Il s'agit, par ailleurs, d'accompagner les jeunes et les femmes dans le choix des formations qui leur permettront de trouver facilement un travail qui répond à leurs attentes et de favoriser des mécanismes de financement diversifiés et durables pour soutenir les politiques d'éducation, de formation et d'emploi. Il s'agit aussi de reconnaître l'économie sociale, l'entrepreneuriat social et l'innovation sociale comme un modèle résilient pour la création d'emplois plus décents, en particulier pour les plus vulnérables. Que pensez-vous de la politique du marché du travail adoptée au Maroc ? Lors de la réunion, il y avait un partage d'expérience et la reconnaissance des efforts du Maroc en matière des droits sociaux notamment avec les dernières mesures décidées par Sa Majesté le Roi au niveau social. Pour les pays du Sud, attirer les investissements et assurer les droits sociaux est un véritable dilemme. Le Maroc donne l'exemple dans ce sens dans la mesure où il est capable de drainer des investissements et créer un climat propice à l'investissement et à la création d'emplois tout en assurant une certaine sécurité sociale pour les jeunes et les femmes. Il y a toujours une nécessité de fournir plus d'efforts à ce niveau surtout avec les répercussions de la crise sanitaire sur la jeune population. Il faudra accorder une attention particulière à la formation et son adéquation avec les exigences du marché de l'emploi. Le Maroc travaille actuellement sur de nombreux chantiers comme la réforme du code du travail, un plan social pour améliorer les conditions des travailleurs, ...En gros, le pays est conscient de l'enjeu et des points qu'il faudra améliorer et je pense qu'il est sur la bonne voie.