Le Maroc entier est suspendu au sort du jeune Rayane, cet enfant tombé dans un puits. L'émotion est grande, des enfants proposent de tenter de sauver celui qu'ils appellent «Khouya Rayane», les mères de famille montrent une grande empathie pour les parents. Cet élan n'est pas uniquement humaniste, il est aussi et surtout le signe d'un attachement collectif au destin commun, à la NATION. Quoi qu'on en dise, les réactions à la défaite de l'équipe nationale de football, parfois excessive, traduisent aussi un attachement viscéral au Maroc, à la terre, au peuple, aux symboles de cette nation, au Maroc. Cette force est un atout, dans le monde que nous vivons. C'est une formidable énergie qui peut nous permettre de relever tous les défis, à condition qu'elle soit canalisée vers des objectifs clairs. Cela impose des responsabilités à la classe politique. Elle doit se mettre au diapason de cette envie de solidarité, de cette revendication d'une marocanité fière. La décevoir serait une catastrophe. Bien au contraire, il faut utiliser cette énergie pour tracer un dessein, définir un projet autour d'idées fortes, de propositions ambitieuses, pour galvaniser les populations en vue de changer ce qui doit l'être, de réussir les transitions en cours et de préparer les mutations qui s'imposent. Malheureusement, le débat politique n'est pas toujours sur ce registre. Nous manquons de discours qui met le projet national au centre du débat. Les nations ont besoin de liant, au-delà de trains de mesure. Le projet de couverture sociale suscite une formidable adhésion. Mais il nous faut rapidement montrer le chemin des réformes de l'école, de la santé et du marché du travail. C'est une évidence, sans des services publics à la hauteur, le citoyen ne peut pas soutenir les institutions représentatives avec la même ferveur. Espérons que les prières des Marocains pour Rayane aboutiront à une fin heureuse et faisons tous en sorte, collectivement, pour que les politiques ressentent cette force qui se dégage des cœurs, à l'unisson.