L'Unicef ne mâche pas ses mots ! Catégorique, l'organisation estime qu'une nouvelle fermeture des écoles serait désastreuse pour les enfants. Dans un communiqué publié dimanche 19 décembre, Henrietta Fore, Directrice Générale du Fonds des Nations-unies pour l'Enfance, a exprimé sa profonde inquiétude par rapport à une nouvelle vague de fermetures d'écoles. Désastre « Les cas de Covid-19 connaissent une nouvelle flambée dans le monde entier, attisée, de plus en plus, par Omicron que les experts en santé publique et les scientifiques s'efforcent de comprendre. Dans un contexte d'incertitude croissante, de nombreux gouvernements se demandent s'ils doivent garder les écoles ouvertes » note-t-on auprès de l'Unicef. « Une chose est sûre : Une autre vague de fermetures d'écoles serait désastreuse pour les enfants » tranche la responsable onusienne. Pour l'Unicef, même si le variant Omicron s'installe, cette mesure devrait être l'ultime recours. « Les preuves sont claires : Les fermetures prolongées d'écoles à l'échelle nationale, les ressources limitées pour les élèves, les enseignants et les parents, ainsi que le manque d'accès à l'apprentissage à distance ont anéanti des décennies de progrès en matière d'éducation et rendu l'enfance méconnaissable» argumente Henrietta Fore. L'Unicef pousse son argumentaire plus loin en évoquant l'inquiétante recrudescence du travail des enfants, des mariages d'enfants et des problèmes de santé mentale ayant touché une large frange de cette population dans le monde. Lourdes pertes « Au-delà de l'apprentissage perdu, les enfants ont également perdu la sécurité de l'école, les interactions quotidiennes avec leurs amis, l'accès aux soins de santé et, trop souvent, leur seul repas nutritif de la journée », énumère la Directrice de l'organisation onusienne. Chiffrant les pertes, l'Unicef affirme d'ailleurs que cette génération d'écoliers pourrait collectivement perdre 17.000 milliards de dollars de revenus potentiels au cours de sa vie. Inquiétant surtout si l'on considère les pertes causées par la pandémie et relevées par un rapport de l'Unicef datant d'octobre dernier. Selon ces donnés, les écoles ont été entièrement fermées durant presque une année pour plus de 168 millions d'enfants dans le monde, à cause des confinements. En outre, environ 214 millions d'enfants de par le monde, soit 1 sur 7, ont manqué plus des trois quarts de leur scolarité en présentiel. Il ressort de l'analyse des fermetures d'écoles que 14 pays ont gardé leurs écoles en grande partie fermées entre mars 2020 et février 2021. Deux tiers de ces pays sont situés en Amérique latine et dans les Caraïbes, où près de 98 millions d'élèves sont concernés. Sur ces 14 pays, c'est le Panama qui a fermé ses écoles le plus longtemps. Viennent ensuite El Salvador, le Bangladesh et la Bolivie. Ecoles, les dernières à fermer « Ces chiffres nous rappellent de nouveau la situation d'urgence catastrophique en matière d'éducation que les confinements ont créée dans le monde. Chaque jour, le retard pris par les enfants qui ne peuvent suivre une scolarité en présentiel s'aggrave ; les plus marginalisés d'entre eux étant les plus durement touchés », explique Henrietta Fore. A l'en croire, il serait inconcevable dans l'intérêt de ces petits qu'ils entrent dans la deuxième année d'enseignement en présentiel restreint ou même inexistant. « Il faut faire tout ce qui est possible pour garder les écoles ouvertes ou leur accorder la priorité dans les plans de réouverture », recommande alors l'Unicef. Pour l'organisation onusienne, 2022 doit donner une priorité à l'éducation. Elle appelle les gouvernements à éviter dans la mesure du possible les fermetures d'écoles. « Lorsque la transmission communautaire de la Covid-19 augmente et que des mesures de santé publique strictes deviennent nécessaires, les écoles doivent être les derniers endroits à fermer et les premiers à rouvrir », recommande Henrientta Fore. Cette dernière met en avant l'efficacité des mesures de prévention en milieu scolaire lesquelles ont fait leurs preuves ces derniers mois dans différents pays. « Nous devons utiliser ces connaissances pour faire tout ce que nous pouvons afin que les écoles restent ouvertes » insiste-t-elle en demandant un renforcement des investissements dans une connectivité numérique démocratisée et à la portée de chaque enfant. Impact Tout comme les adultes, les enfants ont dû subir les lourds effets de cette crise sanitaire. Le HCP, en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour l'enfance (UNICEF) a publié en décembre 2020 un rapport mettant en lumière son impact sur la situation sociale, économique et psychologique des enfants marocains. S'accommodant tant bien que mal avec les nouvelles conditions de vie en temps de pandémie, les enfants ne s'en sont pas sortis indemnes. D'après les résultats du rapport, le confinement a eu de lourdes conséquences psychologiques sur les enfants. Anxiété, peur, sentiment d'être en captivité... les enfants ont vécu des moments difficiles. Des comportements obsessionnels, des troubles du sommeil ou de l'appétit sont autant de manifestations de leur mal être en cette période particulière. « Une situation que la fermeture des écoles a aggravé car les enfants ont été privés d'un lieu important et fondamental de sociabilisation. Coupés de leurs écoles, de leurs camarades et amis, de leurs habitudes sociales en plus de la privation d'une éducation et d'un apprentissage « concret», beaucoup d'enfants ont été profondément déstabilisés », nous explique dans un article précédent Dr Mustapha Massid, Psychologue clinicien. Au regard du rapport du HCP, en période de confinement, une personne âgée de 15 ans et plus sur 10 (9,3%) a consacré du temps pour des activités d'éducation ou de formation. En moyenne, chaque personne a consacré 212 minutes par jour à l'éducation. Le rapport note cependant que durant le confinement, près de 84% des préscolarisés n'ont pas pu suivre les cours à distance. Concernant le télé-enseignement: 49,9% des élèves du secondaire étaient motivés et intéressés par cette méthode, 25% soucieux de l'avenir de leurs études, 18,1% perturbés et gênés par ce type d'enseignement et 7% désintéressés. D'un autre côté, l'enseignement en distanciel a été synonyme de difficultés d'assimilation pour près de la moitié des lycéens (48%) et d'addiction aux outils électroniques (16%).