Le régime algérien fait de son obsession anti-marocaine l'alpha et l'oméga de sa vision politique. Ainsi, il dramatise le fait que Rabat signe un accord de coopération militaire avec Israël, alors que lui, se fournit en Russie (et fournit le Polisario par la même occasion) et que le Maroc ne lui a jamais contesté ce droit souverain. Ces œillères sont incompréhensibles pour qui suit les chamboulements géostratégiques en cours. Le monde multipolaire qui s'annonce est celui des grands ensembles. L'affrontement économique, stratégique, sino-américain induit des reclassements violents. L'Amérique se concentre sur le pacifique, elle réunit ses alliés dans la région, pour contenir l'ogre chinois. L'Europe comprend qu'elle n'est plus prioritaire pour les USA et qu'elle doit compter sur elle-même. L'Amérique latine essaye de peser grâce à son union économique, parce que son développement a besoin de l'Amérique du Nord. L'ASEAN tente tant bien que mal de maintenir son unité pour ne pas sombrer dans le duel des géants qui s'annonce. Au Moyen-Orient, malgré leurs divergences, les pays du Golfe refont leur unité, parce qu'ils sont convaincus que c'est la voie pour maintenir leur développement économique et défendre leurs intérêts. Les pays isolés souffriront dans les années à venir. Les blocs seront une protection, une force, cela ne signifie pas que ces pays font la moindre concession sur leurs prérogatives souveraines, leurs choix de positionnement. Il s'agit juste de bon sens et de force de négociation économique. En bloquant le grand Maghreb, l'Algérie affaiblit toute la région, y compris son propre peuple. La Chine, l'Europe et les USA annoncent des programmes d'investissement en centaines de milliards de dollars pour l'Afrique. Que les cinq pays y aillent chacun de son côté n'a pas la même valeur qu'un ensemble négociant pour un marché de 100 millions d'habitants, cela crève les yeux, mais l'Algérie préfère s'enfermer dans ses obsessions.