Il n'y aura plus de vols Ryanair au Maroc pendant les deux prochains mois. La compagnie aérienne low cost a annoncé qu'elle annulait tous ses vols à destination et en provenance des aéroports marocains jusqu'au 1er février 2022. Pour justifier sa décision, Ryanair déplore dans son communiqué « un manque de clarté et de communication de la part des autorités marocaines sur ce à quoi il faut s'attendre au-delà de leur décision initiale d'interdiction de voyager du 13 décembre ». Une décision sage ? Dimanche 28 novembre, le Royaume annonçait la suspension de tous ses vols réguliers à destination et en provenance du Maroc pour une durée de deux semaines reconductibles. Une mesure préventive contre la propagation du nouveau variant Omicron. Néanmoins, la décision a pris de court les compagnies aériennes, les tour-opérateurs, les passagers et les opérateurs touristiques du pays. D'après Ryanair, les annulations de vols ont eu un impact sur 160.000 clients à ce jour et, en raison de l'incertitude actuelle, la compagnie a été contrainte d'annuler tous ses vols marocains prévus jusqu'au 1er février 2022, laissant 230.000 passagers supplémentaires confrontés à des perturbations dans leurs projets de voyage. «C'est une décision sage de la part des dirigeants», juge le Président de la Fédération Nationale de l'Industrie Hôtelière (FNIH), Lahcen Zelmat. «Comment voulez vous qu'ils programment des vols alors que le gouvernement n'arrête pas de changer d'avis et de prendre des décisions de manière inopinée ? Les compagnies se retrouvent face à des perturbations qui leur coûtent cher, alors qu'elles ont besoin de temps pour prendre les précautions et dispositions nécessaires », ajoute-t-il. Même son de cloche de la part de ce membre de la Confédération Nationale du Tourisme qui regrette ces prises de décisions précipitées et sans mesurer le degré de risques encourus. «Il faut comprendre que ces annonces mettent en péril la relation de confiance avec les partenaires étrangers, notamment les compagnies aériennes », insiste t-il. «C'est une décision sage de la part des dirigeants de Ryanair», juge Lahcen Zelmat Agadir va payer cher A travers sa décision, Ryanair emboîte ainsi le pas à ses concurrents Easyjet et Transavia qui, en fin novembre, avaient annoncé suspendre leurs vols réguliers entre le Maroc et la France jusqu'en janvier 2022. «C'est scandaleux. Il ne faut pas oublier que Ryanair est la première compagnie aérienne en Europe en nombre de passagers transportés (139,2 millions en 2018) disposant d'une flotte de 449 avions et desservant 225 destinations » explique l'expert en tourisme, Zoubir Bouhout qui insiste sur le poids du groupe, d'autant plus qu'il a annoncé en novembre dernier l'ouverture de sa nouvelle base aérienne à Agadir, suite à un accord stratégique signé en juillet 2020 avec l'ONMT. Cette nouvelle base composée de deux avions d'une valeur de 200 millions de dollars a l'intention de participer au développement de l'industrie du tourisme au Maroc et de créer 60 emplois directs. L'objectif est de connecter Agadir à 7 pays européens (Irlande, France, Espagne, Portugal, Italie, Allemagne, Pologne) avec l'ouverture de 16 nouvelle lignes pour un total de 25 routes desservies et plus de 65 vols au départ par semaine. 229.000 sièges à l'arrivée étaient prévus dès cet hiver 2021-2022 et l'ambition était d'atteindre 570.000 sièges à l'arrivée en 2024. "La crainte c'est que le management de la compagnie Ryanair révise toute sa stratégie de développement dans le pays ", alerte Zoubir Bouhout. Pour le président du CRT d'Agadir Souss-Massa, Rachid Dahmaz, une chose est sûre : cette décision de Ryanair n'est pas à prendre à la légère. Elle aura certainement des effets néfastes sur le tourisme local. «C'est le coup de massue », résume t-il. Avis partagé par Zoubir Bouhout qui note que l'impact sera bien significatif sur une ville qui jouit pourtant d'une importance capitale auprès des hautes instances dirigeantes et est gérée par le Chef du gouvernement actuel. « C'est du business qui se perd pour Agadir. Ce sont des investissements et des emplois qui sont en jeu et quand cet investisseur parle de manque de clarté de la part des autorités marocaines, il pèse bien ses mots », prévient-il. Selon Zelmat le message de Ryanair est clair : la compagnie ne fait plus confiance au gouvernement marocain. Qu'en est t-il alors des engagements signés qui étaient amenés à se développer ? «La crainte c'est que le management de la compagnie révise toute sa stratégie de développement dans le pays » alerte Bouhout. Les avis des professionnels sollicités sont unanimes : les autorités marocaines doivent sortir de leur mutisme et réagir. Pour eux, ce n'est guère le moment d'adopter la politique de l'autruche. --