Onze artistes d'horizons différents (Mahi Binebine, Hicham Matini, Mohamed Rachdi, Sanae Arraqas, Khadija El Abyad, Florence Arnorld, Morran Ben Lahcen, Sophie Champetier de Ribes, Louis D'hauterives, Christian Mamoun et Christophe Miralle) se sont emparés de la thématique de la joie pour nous livrer leurs ressentis. Peintres, plasticiens, photographes et sculpteurs de matière, tordent le cou aux clichés. La joie n'est pas forcément synonyme de béatitude ou d'un bonheur intense. Chez Hicham Matini et Louis d'Hauterives la dérision domine. Le premier se moque du monde de l'audiovisuel, l'une des sources premières de diversion chez bien des humains. Le second nous offre à voir à travers ses « dessins puérils pour adultes », une promenade onirique dans l'univers du cirque où foisonnent détails et personnages burlesques. La catharsis façon Binebine Mahi Binebine-JOY Avec Mahi Binebine, c'est une catharsis à travers le rire qu'il exploite avec allégresse. « Faire rire, c'est faire oublier, confie l'artiste. Quel bienfaiteur sur la terre, qu'un distributeur d'oubli ! » Victor Hugo Voilà une approche qui me convient. J'en ai fait un mode de vie, une raison d'être, une catharsis ». Même démarche chez Christophe Miralles qui interroge l'humain à la recherche de réconfort et d'un apaisement que Sophie Champetier de Ribes exprime en photographiant l'insouciance de l'enfance. Amour, désir et sensualité Sensualité et désir ne sont pas en reste. Mohamed Rachdi dans sa série, "Les Enluminures du désir », a puisé dans ses pulsions délirantes pour illustrer l'amour. « Je voulais aborder le confinement de manière positive et enthousiaste en célébrant le désir et l'amour à travers l'enchantement des rapports de formes, de couleurs et de lumières... Dans cette série, on est toujours dans l'espace physique du livre, mais au lieu d'y inscrire mon vocabulaire plastique (lettres, signes, figures florales, figures de couples...) comme je le pratique habituellement, par soustraction de la matière en creusant dans la masse du papier imprimé, ici, je les articule par addition, en dessinant et peignant ». Mohamed Rachdi-JOY Liberté quand tu nous tiens ... Quant à Christian Mamoun, le bonheur est une histoire de moments volés. Sa dernière série savamment mise en scène, nous dévoile des corps enchevêtrés faisant exulter la liberté des modèles. « Pour moi, la joie c'est reconnaitre la réalité et jouer à l'intérieur de ce dispositif en déjouant les règles, explique l'artiste. Je provoque ainsi une mise en scène, j'impose un cadre en laissant la liberté absolue au model d'évoluer dans celui-ci. Dans les deux séries (Zentai & Jade résiste), je me réfère à un exercice de Rudolph Steiner, faire le bon mot au bon endroit au bon moment. En tant que photographe je continue à capturer l'instant décisif tout en choisissant le moment et le lieu où celui-ci peut s'exprimer. Cela fait quelques années que je me pose la question du bonheur et je crois que faire une belle image sensée et profonde fait partie des moments qui peuvent évoquer la joie en moi ». Sanae Arraqas Les détails anatomiques de Christian Mamoun se lisent également dans les dessins de Khadija Abyad. Du dessin mais aussi de la peinture avec des scènes débordantes de tendresse dans lesquelles Sanae Arraqas retranscrit les joies de la maternité. Khadija El Abyad Un bonheur palpable qui pour Florence Arnold a un goût de voyage quasi-initiatique à travers ses cartographies imaginaires et ses anges lumineux. Et pour finir une toile épurée de Morran Ben Lahcen où trône une croix orange, couleur de l'énergie et symbole de l'intersection du temps et de l'espace.