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Quand les proches débordent un peu trop
Publié dans L'observateur du Maroc le 24 - 06 - 2009

Famille encombrante, amis et collègues pesants, chacun peut y aller de sa petite histoire et raconter son adaptation personnelle d'une production WoodyAlleniesque.
Famille, je vous aime mais…
La pression familiale existe et constitue l'une des premières causes d'irritabilité des individus. Bien sûr les raisons peuvent être multiples : virements bancaires repétitifs pour s'assurer de la bénédiction parentale, interrogatoires fréquentes sur sa vie privée, lavages (hebdomadaires) de linges sales auxquels finissent par se mêler tantes et cousins du 7e degré, etc. La liste est longue et les occasions de s'emporter ne manquent pas pour monsieur ou madame tout le Monde, doté (e) d'une famille nombreuse, méditerranéenne et débordante de «bonnes intentions». On ne choisit malheureusement pas sa famille et encore moins les embrouilles qui vont avec… «Chez moi il y a toujours quelque chose, il faut ménager les susceptibilités, ne froisser personne et se plier en quatre pour tout le monde; Seulement j'ai l'impression que la réciproque n'est pas valable et au bout du compte je suis sur les rotules». A 38 ans, Mounia est mère de famille mais aussi fille, sœur et épouse de quelqu'un... «C'est drôle à dire, mais même dans le cadre familial on ne fait pas toujours tout de gaité de cœur, beaucoup de choses sont faites parce qu'elles doivent l'être. Avant de me marier je pensais sincèrement que fonder ma propre famille m'aurait aidée à gagner en indépendance, je me rends compte qu'il n'en est rien. J'ai écopé de 3 clans et du triple de responsabilités. Inutile de préciser que toutes ces personnes ne s'entendent pas vraiment et que choisir c'est forcément trahir». L'éternelle rengaine des obligations et traditions familiales; des règles auxquelles on ne tient pas vraimen t cela s'entend mais contre lesquelles on ne peut pratiquement pas s'opposer. Pour une seule et bonne raison: le collectif prime sur l'individuel. «Dans la société arabo-musulmane où nous vivons, l'individu existe par et pour le groupe et doit tout accepter de ce dernier. Il ne peut se positionner en dehors de celui-ci et c'est exactement la même chose au sein de la famille. Dès l'enfance puis tout au long de sa vie, une personne se voit octroyer un rôle spécifique parmi les siens et il lui est impossible d'y dérroger» nous dit le sociologue Fouad Ben Mir. «C'est dommage mais devant le clan familiale, chacun semble voué à s'effacer pour les autres». S'´effacer et se laisser marcher sur les pieds, par ses parents (proches ou éloignés) est la règle, se plaindre en est la grande exception.
Amis,voisins et le tutti quanti…
«Certains n'ont pas de vie en dehors de la vôtre» n'est pas le titre d'un best seller de gare mais plutôt la dynamique d'un bon nombre de rapports sociaux. Coups de fil répétitifs à heures tardives (merci phony), verbiages intempestifs, prises de tête, espionnages entre deux portes, tapages nocturnes et au moins trois noms par rubriques. Pour beaucoup, entrer dans l'intimité de quelqu'un comme dans un débarras et ne plus lâcher le morceau ne sont que des formalités. «C'est principalement pour se mesurer à l'autrui et découvrir ses failles que l'on s'immisce sans gêne dans sa vie privé. Cette constatation est encore plus vraie dans les couches défavorisées où les gens ont du mal à imposer certaines limites à leur entourage. Leurs affaires sont forcément les affaires de tout le monde, amis, voisins ou simples curieux. Bien évidemment la chose existe aussi dans les milieux nantis mais disons qu'elle est plus subtile» reprend notre sociologue. Subtil ou flagrant le ‘péril' est bel et bien là et s'en débarrasser devient une gageure quasiement vitale. «Si rien n'est entrepris pour arrêter ce cycle, on peut très facilement se retrouver pris en otage de ces jeux psychologiques» explique Maria Jaïdi, psychologue. «Pris en otage » est effectivement l'expression qu'il convient d'utiliser car sous couvert de rester courtois ou de respecter les convenances dictées par la société, l'individu se laisse rapidement assaillir. La machine enclenchée, il devient difficile de faire marche arrière. Le lieu de travail n'est lui-même pas à l'abri de ce genre de situations. «Au boulot, je reste quelqu'un de très discret sur ma vie, seulement certains de mes collègues ne s'en contentent pas et essaient toujours d'en apprendre plus que ce que je veux bien leur dire. Tout cela c'est sans compter les éternels casse-pieds qui ont toujours quelque chose à raconter, demander ou contester. Lorsqu'on ne se prête pas au jeu, on est d'emblé taxé de mesquin raconte Karim, cadre d'entreprise.
Savoir dire STOP
Sans doute parce qu'il faut bien faire sa révolution un jour, les conseils de professionnels ne manquent pas en ce sens. Le grand secret : savoir instaurer des limites et défendre sa zone de confort. «Cela nécessite une certaine confiance en soi, en ses choix et en ses convictions. Le manque d'assurance est très vite perçu par les autres et ces derniers n'hésitent pas à en profiter pour vous harceler de mille et une manières» Pour Kathy Brigaud, coach mental et co-fondatrice de Krisalia internationale, se faire respecter c'est d'abord dépasser la peur du jugement et ne plus essayer de plaire à tout le monde. Difficile à faire comprendre mais certainement pas impossible...


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