INVESTISSEMENTS Trop tôt pour parler de reprise en matière d'investissements directs étrangers (IDE). C'est le principal constat qui vient d'être établi par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) et pas le seul. D'après le rapport 2013 de la Cnuced sur les IDE paru le 31 octobre dernier, ces investissements ont chuté de 18% en 2012, pour atteindre 1.350 milliards de dollars. «La reprise prendra plus de temps que prévu », souligne les auteurs de ce document. Raisons évoquées : la fragilité économique et les politiques incertaines au niveau mondial. La Cnuced estime donc que l'IDE restera en 2013 proche du niveau de 2012, avec une estimation haute de 1.450 milliards de dollars. L'organisation indique que les investisseurs vont reprendre confiance à moyen terme. Ainsi, on devrait voir, en 2014, les flux atteindre 1 .600 milliards de dollars. Les prévisions pour 2015 seraient même de 1.800 milliards de dollars. Toutefois, «des risques significatifs subsistent quant à ce scénario de croissance», prévient les spécialistes de la Cnuced. Ils confirment de la sorte le pessimisme ambiant. Tendances d'investissements contrastés D'après la Cnuced, en 2012, pour la toute première fois, les pays en développement ont absorbé davantage d'IDE que les pays développés, représentant 52% des flux d'IDE mondiaux. Cela tient en partie au fait que la plus forte baisse des entrées d'IDE est intervenue dans les pays développés, qui représentent désormais 42% seulement des flux mondiaux. Les pays en développement sont aussi à l'origine de plus d'un tiers des sorties d'IDE mondiale, dans la continuité d'une tendance ascendante régulière. L'année dernière, 22 pays développés sur 38 ont vu leurs sorties d'IDE diminuer, soit une baisse globale de 23%. Les taux de rentabilité de l'IDE sont de 7% à l'échelle mondiale et sont plus élevés dans les pays en développement (8%) et les pays en transition (13%) que dans les pays développés (5%). Près d'un tiers des revenus de l'IDE mondial sont restés dans les pays destinataires, et les deux tiers ont été rapatriés (ce qui a représenté en moyenne 3,4% des paiements courants). C'est dans les pays en développement que la part des bénéfices non distribués est la plus élevée; à environ 40% du revenu de l'IDE, elle représente une source de financement importante. L'Afrique, nouvelle terre des investissements ? Globalement, les flux d'IDE vers les pays en développement se sont inscrits en légère baisse en 2012. Toutefois, l'Afrique a vu ses apports d'IDE augmenter de 5% pour atteindre 50 milliards de dollars. L'IDE dans les industries extractives explique en partie cet accroissement, mais l'investissement dans la production de biens de consommation et le secteur des services progresse également. Le classement mondial des destinataires de l'IDE témoigne aussi d'une évolution dans la structure des flux d'investissement : 9 des 20 plus importants destinataires ont été des pays en développement. Sur Le plan régional, les flux vers les pays en développement d'Asie et d'Amérique latine sont restés à des niveaux historiquement élevés, mais leur dynamique a faibli. Les flux sortants des pays en développement ont atteint 426 milliards de dollars, soit 31% du total mondial. Les pays asiatiques sont restés la source de la plus importante d'IDE, comptant pour les trois quarts du total des pays en développement. Néanmoins, l'Afrique a vu ses flux d'IDE augmenter en glissement annuel en 2012. Concernant les sorties d'IDE, elles ont triplé en cette région à l'heure où les flux en provenance des pays en développement d'Asie et d'Amérique latine et des Caraïbes se sont maintenus à leur niveau de 2011. L'Afrique est donc l'une des rares régions à avoir enregistré en 2012 une croissance supérieure à celle de 2011. Les IDE en provenance d'Afrique ont presque triplé en 2012, pour s'établir à 14 milliards de dollars. Pour ce qui est du stock d'IDE, la Malaisie, l'Afrique duSud, la Chine et l'Inde (dans cet ordre) sont les principaux pays en développement investissant en Afrique.