« La campagne ininterrompue de dénigrement de l'Algérie, menée avec acharnement par une partie de la classe politique marocaine, relayée et amplifiée par les médias publics de ce pays, est contraire des relations ( ! exclamation de la rédaction) de fraternité, de coopération et de bon voisinage entre les deux pays ». C'est donc ainsi que les Affaires étrangères algériennes ont répondu au rappel par le Maroc de son ambassadeur à Alger. Sont-ils sérieux ou font-ils semblant de jouer au sourd de la noce ? Ou alors s'attendent-ils à ce que les Marocains applaudissent le discours de leur président à Abuja ? On comprend qu'à la veille des élections présidentielles, on veuille faire passer en douce la candidature, à un quatrième mandat, d'un président dont le doute sur les capacités mentales, émis par des Algériens eux-mêmes, commence à faire craindre un futur proche plutôt tumultueux pour ce pays. « Tout le gouvernement ne rate pas une occasion pour louer l'apport providentiel du chef de l'Etat » dit Al Watan, journal algérien qui s'est tout de suite demandé : « Est-il possible pour un président malade, qui «dirige» le pays sur un fauteuil roulant, d'assumer encore la fonction suprême pour les années à venir ? ». Un président dont les mandats passés ne se sont pas déroulés comme le veut la population : « En raison d'une vie politique nationale plombée par la ruse des tenants du pouvoir, qui agissent dans l'ombre, le jeu politique se déroule dans l'antichambre du régime. Les années Bouteflika ont fini par achever les rares espaces de débat et de luttes politiques et sociales ». En Algérie, on a compris que Bouteflika n'y est pour rien finalement. Et pour revenir justement à cette question des droits de l'homme défendue si âprement par les dirigeants d'Alger, il y a matière à réflexion. Selon Al Watan, « En l'absence de règles de fonctionnement démocratiques, la décision de la succession ou de la reconduction, supposée ou réelle, de Abdelaziz Bouteflika se prendra dans les salons feutrés du pouvoir ». Comment donc les organisations internationales et notamment l'Union africaine peuvent-elles raisonnablement accorder le moindre crédit à un pouvoir qui parle des droits de l'homme ? N'est-ce pas un non sens ? Al Watan nous enseigne qu'il « est interdit d'organiser un débat national pour évoquer le bilan du règne de Bouteflika, tout comme il est impossible d'engager des discussions sérieuses avec les différents acteurs politiques – pouvoir et opposition – sur le cap qu'il faudra fixer pour l'Algérie durant les années à venir ». Il conclue en fin : « Force est d'admettre qu'au terme de ses trois mandats, l'actuel Président a échoué à incarner un projet et une vision future pour le pays ». On ne va pas être plus algérien que les Algériens. Dans cette situation chaotique, les Marocains aimeraient bien savoir comment un Maroc sans ses provinces du Sud peut contribuer au bonheur des Algériens, sachant que leur bonheur n'a pas été volé par le Maroc, mais par ceux qui se sont partagé les pétrodollars engrangés par la vente d'une richesse nationale. Je me demanderais à la fin ce que veut bien dire « les relations de fraternité » auxquelles se réfère le ministère des Affaires étrangères algérien. Je ne parle pas des peuples. Ils ont des relations solides et ne semblent pas prêts à des sacrifier. Je parle des gouvernants algériens. Une partie d'entre eux, il faut le préciser. Autant le dire tout de suite, les Marocains ont de la peine à voir des indices de fraternité chez quelqu'un qui s'avance vers eux une machette à la main. Ils ne sont tout de même pas suicidaires et encore moins niais. Les Algériens non plus heureusement. C'est la seule raison de l'espoir des deux peuples. Hakim Arif