Le discours hostile au Maroc de Abdelaziz Bouteflika à Abuja traduit «la crise interne que vit l'Algérie», qui «a l'habitude de recourir à l'escalade avec le Royaume à chaque fois que ses problèmes intérieurs empirent», a affirmé M. Mohamed Benhamou, professeur des relations internationales à la faculté de droit de Salé. Dans une déclaration à la MAP, M. Benhamou, également président du centre marocain des études stratégiques (CMES), a indiqué que «l'Algérie traverse une période décisive à quelques mois d'une élection présidentielle sur laquelle plane une grande confusion, du fait qu'un président tente de briguer un nouveau mandat en dépit de son état de santé détérioré». Les luttes entre les différents centres de décision en Algérie et la dégradation des conditions sociales aggravent la situation intérieure du pays, a-t-il dit. Pour l'universitaire marocain, l'hostilité à l'égard du Maroc est «un choix stratégique pour l'Algérie» et la carte Maroc est utilisée et exploitée au niveau de la politique intérieure et extérieure de ce pays et est prise comme prétexte pour justifier des décisions préjudiciables au peuple algérien. «La direction algérienne nous a habitués à des accusations gratuites, et le modèle marocain est désormais une source d'inquiétude pour l'Algérie», a-t-il estimé, précisant qu'«avec ses choix politiques, sa construction démocratique et ses grands chantiers socio-économiques, le Maroc inquiète la direction algérienne car celle-ci n'est pas en mesure d'entamer une véritable opération de réformes». M. Benhamou a, en outre, relevé que le discours d'Abuja de Abdelaziz Bouteflika «coïncide également avec l'annonce de la découverte de nouveaux gisements de gaz en Algérie, qui chaque fois que ses revenus pétroliers augmentent recourt à l'escalade avec le Maroc et tente de ternir son image».