dès ses premiers travaux d'enfance, et quel que soit le sujet abordé, Younes El Kharraz fait preuve d'un sens de la couleur et de la composition quasi inné. Maints observateurs ayant eu l'occasion de croiser, à un moment ou à un autre, son uvre en gestation ont relevé le fait. Tout aussi indéniable est la sensibilité extrême et personnelle que révèlent ses différentes périodes. Des paysages naturels de la première époque se dégage une indicible nostalgie. Quelque chose de frais, de doux et de douloureux à la fois. Sentiment accentué par l'indécision du trait et de la forme. Plus structurés, plus académiques, plus graphiques, plus rigoureux, ses paysages architecturaux ont su néanmoins échapper à la grâce mièvre des cartes postales locales. Ils nous donnent à voir un Assilah vaporeux, estompé, à la blancheur indéfiniment triste sous le soleil froid de l'océan. Mais ce sont les autoportraits et portraits imaginaires qui vont enfin nous révéler un Younes El Kharraz tragique. Le regard que portent sur nous ces personnages aux formes légèrement disproportionnées est étonné, inquiet, effrayé de ce qu'il voit. Ce regard qui nous met mal à l'aise est, n'en doutons pas, celui que jette sur le monde Younes El Kharraz, ce jeune homme si bien élevé, si posé, si serein en apparence.