Dix ans et quinze scrutins nationaux après son arrivée au pouvoir, Hugo Chavez sort, une fois de plus, renforcé après sa victoire à un référendum qui supprime la limite du nombre de mandats à la tête du pays. Pour beaucoup d'éditorialistes, ce résultat débouchera forcément sur une candidature du président vénézuélien en 2012. Le gouvernement a déjà un candidat pour 2012, le seul leader de la révolution : Hugo Chavez. Avec un avantage de 9 points [54,4 % de oui et 45,6 % de non], il a réussi à obtenir une réélection à l'infini qui lui permettra de se représenter pour un nouveau mandat, et pour tous ceux qu'il souhaite tant qu'il reste en vie", écrit par exemple le journal proche de l'opposition La Verdad. Mais la plus grosse acclamation a retenti quand le président a annoncé son intention d'être candidat jusqu'à la fin de la décennie. La fin de la décennie, car Hugo Chavez ne viserait pas seulement une réélection en 2012. Le leader de la révolution bolivarienne voit déjà plus loin, affirme El Nacional. Mais les opposants à Chavez s'interrogent : comment expliquer ce résultat, alors qu'il y a moins d'un an le président essuyait un revers lors d'un référendum constitutionnel qui incluait déjà cette fin de limitation des mandats ? Pour La Verdad, c'est "l'abstention qui a été un facteur déterminant dans la défaite de l'opposition". "Lors des régionales du 23 novembre, la participation a atteint 75 %, et cette fois-ci elle a baissé de 8 points", calcule le quotidien, pour qui les voix en moins ont coûté cher à l'opposition. "C'était une campagne où David s'est mesuré à Goliath, mais Goliath a gagné", a résumé, fataliste, Leopoldo Lopez, un des dirigeants de l'opposition. Après cette victoire, l'année 2009 s'annonce néanmoins difficile pour le pouvoir chaviste, avec une chute du prix du baril de pétrole qui fragilise l'économie. Elle arrive à un moment où "malgré l'euphorie ambiante, le projet révolutionnaire est en difficulté", affirme El Pais. "Premièrement, parce que la situation économique mondiale nécessite une politique plus austère (...) et parce que la population de base est inquiète face à l'apparition d'une nouvelle bourgeoisie issue du pouvoir bolivarien, les 'bolibourgeois'". "Après cinq ans de bonne santé économique, la popularité de Chavez reste élevée, surtout chez les moins pauvres (...), mais la criminalité, l'inflation et le style politique provoquent le rejet de la moitié du pays", ajoute l'hebdomadaire brésilien Veja. Pourtant, cette victoire relativement confortable "devrait encourager le gouvernement à faire face aux sérieux problèmes économiques causés par la chute du prix du pétrole", note l'International Herald Tribune, ajoutant que d'autres dirigeants sud-américains dans la lignée de Chavez, notamment Daniel Ortega au Nicaragua, pourront profiter de l'événement.